Hypertension et vacances - Fondation HTA

hypertension en vacances

 

Canicule et hypertension

 

mature woman experiencing heatwave

En cas de canicule – elles sont plus fréquentes depuis quelques années : faut-il maintenir mon  traitement ?

Il faut d’abord regarder quel type de traitement on a : si le traitement contient un diurétique (marqué sur la boîte : hydrochlorothiazide, indapamide, ou le patient demande à son médecin) : en cas de canicule, le diurétique doit plutôt être arrêté, le temps que dure la canicule parce que le diurétique va favoriser, non pas la déshydratation, mais un trouble très particulier l’hyponatrémie, c’est-à-dire la baisse du sodium.

L’hyponatrémie est un élément très complexe en médecine. Il y a un élément qui favorise l’hyponatrémie : les boissons abondantes, et quand il fait chaud les messages de santé publique sont : buvez ! Alors les gens boivent et ils font baisser le sodium qu’ils ont dans le sang. Or, quand on a moins de 130 de sodium dans le sang, on est dans le coma, on en meurt.

En 2003, durant la canicule qui s’est abattue en France, la cause de la mortalité des gens âgés a été l’hyponatrémie liée à l’hyper hydratation. Les gens avaient bien bu mais ils n’avaient pas arrêté leur traitement diurétique et c’est ça qui les a malheureusement tués.

Il faut arrêter le diurétique en cas de canicule, c’est-à-dire plus de 40 degrés. Puis dès qu’il fait moins de 40 degrés : on reprend le diurétique

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Risques de l’altitude chez les hypertendus

Pour l’hypertendu, l’altitude n’est pas toujours un bon ami. Aller en altitude, c’est aller à plus de 2000 mètres. Aller à plus de 2000 mètres quand on a une maladie cardiovasculaire – et l’hypertension artérielle fait partie des maladies cardiovasculaires – expose aux risques de complication aiguë et une complication aiguë qui s’appelle le « mal des montagnes ».

Le mal des montagnes c’est avoir très mal à la tête, éventuellement un essoufflement, on n’est pas bien du tout, on peut vomir. Si on mesure la pression artérielle des patients qui ont le mal des montagnes : ils ont très souvent une poussée d’hypertension, une tension qui se déstabilise. Il y a tout les niveaux de gravité du mal des montagnes : pour la plupart, passer une semaine à la montagne dans un chalet aux alentours de 2500 m, ils ne seront pas très bien, la tension sera  haute… Il n’y a qu’une seule chose à faire : redescendre ! Si l’on fait partie des gens qui ont cette susceptibilité à déstabiliser leur tension du fait de l’hypoxie liée à l’altitude, c’est la seule solution : descendre.

Certains spécialistes des pathologies de la montagne – les médecins suisses en particulier sont très compétents dans ce domaine – peuvent préconiser des traitements pour prévenir le mal des montagnes. C’est possible, mais ce sont vraiment des avis pour spécialistes. Si vous avez déjà fait une fois le mal des montagnes, allez voir un spécialiste qui vous donnera un médicament éventuellement pour éviter de l’avoir une deuxième fois. Si vous êtes hypertendu et que vous avez l’inconfort du déséquilibre tensionnel : redescendez.

En cas de décalage horaire, quand faut-il prendre son traitement antihypertenseur ?

Prendre un avion quand on est hypertendu n’est pas contre-indiqué.

Dans un avion il y a plusieurs caractéristiques :

  • premièrement, il y a l’altitude mais les cabines sont pressurisées dans tous les avions de commercial. La pressurisation est l’équivalent de 1500 mètres d’altitude donc aucun problème de déséquilibre de la tension ;
  • deuxièmement, quand on est en avion, on se déshydrate; Si le voyage est long, plus de quatre heures, il faut absolument porter des chaussettes ou bas de contention pour éviter les complications liées à la déshydratation. Le risque de thrombose, d’embolie pulmonaire existe chez les hypertendus comme chez les non hypertendu ;
  • troisièmement, le décalage horaire pose des problèmes : si le voyage est long, plus de 12 heures ou même 6-7 heures, les patients se disent « mais quand dois-je prendre mon traitement ? » Le conseil que je donne est celui-ci : calez-vous sur l’horaire de l’arrivée du séjour que vous allez faire.

Si vous allez vers l’ouest (vous êtes en Europe, vous allez aux Etats-Unis ou en Amérique du sud) : vous aurez à prendre votre médicament avec un peu de retard par rapport à l’heure habituelle 4h, 5h, 6 heures, ce n’est pas dramatique. De retour en France, vous aurez à prendre le médicament avec un peu d’avance par rapport à l’horaire habituel, cela ne pose aucun problème. Mais n’essayez pas de calculer, de recalculer, ça ne sert à rien et c’est sans intérêt.

Dernière chose : lors d’un voyage en avion, ne mettez pas tous vos médicaments dans la valise. Si la valise n’arrive pas, ou arrive en retard, vous n’aurez plus de médicaments. Prenez vos médicaments, au moins une plaquette de chaque médicament sur vous pour pouvoir tenir quelques jours et ne pas être en panne de médicaments lorsque vous arrivez à destination et que votre valise, elle, n’est pas arrivée !

Avec tout ça, vous pouvez prendre l’avion sans aucun problème en étant hypertendu. D’ailleurs beaucoup de pilotes d’avion sont hypertendus, je les soigne !

Risques de la tourista chez les hypertendus

Le risque d’attraper la tourista peut survenir, c’est-à-dire d’avoir une diarrhée aiguë pendant deux ou trois jours, liée au changement de composition du microbiote et du bol alimentaire.

Quand on a un traitement antihypertenseur, il faut absolument tenir compte de cette déshydratation provoquée par la diarrhée. Le temps du trouble digestif, c’est-à-dire de la diarrhée, il faut stopper ces médicaments. On les stoppe, on ne les prend pas et quand la diarrhée est terminée on les reprend.

Pourquoi ce conseil ? Parce que la majorité des médicaments prescrits dans le traitement de l’hypertension artérielle comportent des médicaments qui ont plus d’efficacité si l’on est déshydraté. Ce sont les médicaments du bloqueur du Système Rénine-Angiotensine. Ils deviennent plus efficaces, c’est-à-dire la tension va être trop basse, en hypotension, donc les gens vont être fatigués et peut-être même avoir des symptômes, des vertiges ou une syncope, une perte de connaissance. Donc il faut arrêter son traitement et reprendre le traitement dès que le transit est redevenu normal.

Au début du séjour, lorsqu’on n’est pas bien, on reste à l’hôtel, on arrête son traitement et dès qu’on est mieux et qu’on recommence à crapahuter, on reprend ses médicaments comme d’habitude.

Risques de l’alcool sur l’hypertension artérielle

La consommation d’alcool chez un hypertendu est possible. Comme toujours quand on parle de l’alcool, il faut boire avec modération.

Est-ce que l’alcool favorise l’hypertension artérielle ? Il y a beaucoup de travaux depuis des décennies pour tenter de répondre à cette question. Ce n’est pas une question à laquelle on répond simplement. L’alcool favorise-t-il l’hypertension artérielle ? La réponse est globalement non. C’est pas un verre d’alcool, un verre ou deux de vin par jour qui vont favoriser l’hypertension.

Mais si vous êtes dépendant à l’alcool et  hypertendu, votre hypertension artérielle devient beaucoup plus difficile à soigner pour une raison très intéressante : les médicaments de l’hypertension artérielle manquent d’efficacité quand on a une dépendance à l’alcool car le fonctionnement du foie est modifié. Or c’est le foie qui détruit les médicaments. De ce fait vous prenez un médicament, il est détruit complètement par le foie qui est activé par l’alcool et le médicament ne marche pas.

Il est très difficile de soigner les patients qui ont une dépendance à l’alcool. Mais il ne faut pas non plus interdire l’alcool, le vin de tous les jours à chaque repas, un verre de vin quand on est hypertendu c’est tout à fait possible.