Le thème de l’alimentation est au cœur du quotidien des patients hypertendus, puisque la perte de poids, la pratique d’une activité physique et un régime alimentaire pauvre en sel et riche en potassium, participent à une diminution des chiffres de la tension.
Cependant, les moyens non médicamenteux pour traiter l’hypertension artérielle n’ont pas d’effet démontré dans les études scientifiques valides.
L’hypertendu doit effectivement suivre un certain nombre de conseils pour améliorer la qualité de son alimentation avec l’objectif de mieux contrôler sa pression artérielle. Les bénéfices de la diminution d’une consommation excessive de sel sont bien connus mais il y a d’autres bénéfices comme ceux, par exemple, de l’augmentation de la consommation de potassium.
Alors le potassium, il est dans dans beaucoup d’aliments, en particulier dans les légumes, dans les graines et dans les cellules de l’organisme. Alors quand on mange de la viande, on mange du potassium ; quand on mange des légumes et quand on mange des graines, on augmente sa quantité de potassium.
La chose qui a été démontrée, c’est que le potassium qui a un intérêt pour faire baisser la pression artérielle n’est pas le potassium des comprimés. Si on prend des comprimés de potassium, cela n’a pas d’effet sur la baisse de la pression artérielle.
C’est vraiment le potassium contenu dans les aliments. Donc il a été proposé aux Etats-Unis un régime spécifique qui s’appelle le régime DASH, D-A-S-H, qui quantifie le nombre de portions avec des aliments riches en potassium et qui quantifie aussi le nombre de portions avec des aliments pauvres en sodium. Donc le bénéfice du potassium est aussi lié au bénéfice de la diminution du sodium.
Donc c’est la balance entre le sodium et le potassium qui – lorsqu’elle se modifie – va être favorable pour diminuer un peu la pression artérielle. Ces bénéfices restent des bénéfices qui sont modérés par comparaison aux bénéfices apportés par les médicaments antihypertenseurs.
Le mot régime est très souvent cité par les médecins lorsque l’on parle du traitement d’une hypertension artérielle.
Pour le patient, régime est synonyme de restriction alimentaire avec l’objectif de perdre du poids.
Pour le médecin spécialiste de l’hypertension, le régime doit être le moyen d’obtenir une baisse des chiffres de la tension dont la conséquence est l’amélioration du risque cardiovasculaire qui se traduit par l’absence d’apparition d’une complication cardiovasculaire (Accident Vasculaire Cérébral, maladie cardiaque, maladie rénale, décès prématuré). La perte de poids n’aura de l’importance que si l’hypertension s’accompagne d’un diabète car dans ce cas il est possible de soigner en même temps les deux maladies. La bonne nouvelle est qu’il existe un régime, mais on devrait plutôt parler de conseils nutritionnels, ayant montré une baisse de la pression artérielle et de la mortalité par maladie cardiovasculaire : il s’agit du suivi d’une alimentation DASH. La signification de cet acronyme inventé par des médecins américains est Approche Diététique pour Stopper l’Hypertension. Cette méthode se distingue des régimes habituels par le fait qu’il n’y a pas d’exclusion alimentaire mais qu’il est recommandé d’augmenter les aliments qui sont naturellement riches en potassium (fruits, légumes, graines) et de diminuer
les aliments qui contiennent du sodium contenu naturellement ou ajouté lors des processus de transformation ou de conservation des aliments (pain, fromage, charcuterie). La surprise pour les patients est qu’avec le suivi d’une alimentation DASH, il n’est observé qu’une baisse modérée du poids (moins de 3 kg), alors que l’on peut noter une normalisation des chiffres de la tension chez des sujets ayant initialement une légère élévation des chiffres de tension (moins de 160 pour la tension SYS). Malheureusement, une alimentation DASH n’obtient pas un
effet chez tous les sujets mais certains profils ont plus de probabilité d’obtenir une baisse des chiffres de la tension. Selon les études réalisées aux USA, ce sont les femmes afro-américaines ayant la tension SYS la plus proche de 160 avant de débuter le DASH qui baissent le plus leur tension alors que les hommes à la peau blanche sont ceux chez lesquels les effets du DASH sont plus incertains. Le deuxième intérêt de l’alimentation DASH est que la baisse de la tension survient rapidement (dès la fin de la première semaine) et qu’elle est maximum après seulement 2 semaines de suivi. Ainsi le patient et le médecin peuvent rapidement juger de l’effet de ce « régime ». Mon conseil est donc qu’il ne faudrait plus parler de régime chez l’hypertendu, en particulier il faudrait bannir le terme de « régime sans sel » ou de « régime qui fait maigrir » pour la grande majorité des patients hypertendus. En revanche, il est nécessaire de conseiller des modifications dans la qualité et la quantité de certains aliments sans avoir comme objectif de perdre du poids. Ces changements, s’ils sont évalués comme efficaces, permettront d’éviter d’avoir à prendre tous les jours un médicament antihypertenseur.
Comment suivre le régime DASH ?
DASH est l’acronyme de Dietetary Approaches to Stop Hypertension.
Bien plus qu’un régime c’est une approche nutritionnelle globalisée qui a été mise au point et testée dans les années 1990 aux Etats-Unis. Initialement, une étude randomisée a été réalisée sur un groupe de sujets avec une hypertension légère vivant dans différentes villes des Etats-Unis d’Amérique (Baltimore, Boston, Durham et Portland).
Plusieurs modalités d’alimentation par période de 4 semaines ont été testées, avec l’objectif de soigner l’hypertension artérielle sans utiliser des médicaments antihypertenseurs. Les patients inclus étaient des hommes ou des femmes adultes dont certains étaient âgés de plus de 60 ans. Avec 58% de sujets Afro-Américains l’étude DASH a apporté des résultats qui sont applicables à de nombreux groupes de population. La variation de la pression artérielle était le critère principal de l’étude initiale.
La diététique DASH repose sur 5 piliers principaux :
Premier pilier, un apport illimité en fruits et légumes, afin d’augmenter les apports de potassium d’origine alimentaire.
Le deuxième pilier est une réduction des aliments riches en graisse saturées d’origine animale et en cholestérol.
Le troisième est une augmentation des laitages à 0% pris de façon quotidienne. Le quatrième est un apport de fruits à coques (noix, amandes…) avec au moins 5 portions par jour.
Le dernier pilier est une limitation des apports en sel de cuisine (chlorure de sodium) avec trois groupes testés : moins de 3 g, moins de 6 g ou moins de 9g de sel par jour.
Le résultat principal de l’étude initiale DASH a été de démontrer que l’on pouvait obtenir une baisse de pression plus importante avec la nutrition DASH qu’avec le seul conseil de diminuer les apports en sel. Cela a permis de montrer que c’était l’augmentation des apports en potassium alimentaire combiné à la diminution des apports de sodium qui avait le plus d’efficacité sur la baisse de la pression artérielle. L’étude a aussi montré qu’avec une perte de poids inférieure à 5 kg il était possible d’obtenir une baisse significative de la pression artérielle.
En pratique, la diététique Dash est assez simple à suivre et a l’avantage de ne pas être un régime restrictif. De plus, DASH apporte des résultats rapides sur la tension et assure la diversité dans les aliments recommandés.
Pour aller plus loin :
Regarder l’interview du Pr Xavier Girerd, revue Nutritions & Endocrinologie
Quels sont les aliments qui contiennent du potassium ?
Beaucoup d’études ont montré qu’un régime riche en potassium entrainait une baisse de la pression artérielle de quelques millimètres de mercure et avait aussi des effets bénéfiques pour prendre en charge l’insuffisance cardiaque.
Le régime DASH mis au point aux USA est riche en aliments qui apportent du potassium. Il a été utilisé dans de nombreuses études et les preuves de son intérêt pour préserver la santé cardiovasculaire sont indiscutables.
Parmi les aliments riches en potassium et populaires on doit citer en premier le cacao. La rumeur indique souvent que le chocolat est riche en potassium. La vérité nutritionnelle est que ce sont les préparations les plus riches en poudre de cacao qui sont celles qui contiennent le plus de potassium.
Ainsi, pour augmenter les apports de potassium il faudra tenir compte du contenu en poudre de cacao du chocolat consommé : par exemple, un chocolat au lait est sucré et apportera peu de potassium, alors qu’un chocolat noir à plus de 70 % sera beaucoup plus favorable pour l’apport de potassium.
Il y a d’autres aliments riches en potassium. Ce sont :
Il faut aussi insister sur la relation complexe qui existe entre potassium et sodium. Du temps de l’homme de Neandertal la nourriture était riche en légumes, en fibres et en potassium et très pauvre en sel.
Aujourd’hui, le rapport sodium/potassium s’est inversé : on mange plus de de sodium (sel) que de potassium. Il a été montré que c’est l’élévation du rapport sodium/potassium qui augmente le risque d’hypertension alors que c’est l’augmentation de l’apport en potassium alimentaire concomitant avec une diminution de l’apport en sodium qui fait diminuer le rapport sodium/potassium et cela s’accompagne d’une baisse des chiffres de la tension !
La surconsommation de chlorure de sodium (sel de cuisine) est mauvaise pour la santé cardio-vasculaire.
Toutefois, un régime diminué en sel est bénéfique chez certains sujets mais pas chez tout le monde.
En revanche, un régime riche en potassium d’origine alimentaire est bon pour tous les sujets en bonne santé.
La supplémentation de potassium par comprimé peut être utile chez des patients qui souffrent de baisse de potassium du fait de la prescription d’un traitement par diurétique ou par corticoïde ou chez ceux ayant une perte digestive de potassium (par diarrhées ou vomissements).
En revanche, la supplémentation systématique de potassium peut exposer à un risque d’hyperkaliémie (élévation sanguine importante de potassium pouvant provoquer de graves troubles cardiaques) en particulier chez les patients avec une maladie rénale ou chez ceux prenant des médicaments par IEC par sartans ou par spironolactone.
Le suivi d’un régime riche en potassium doit donc être surveillé chez ces patients à risque.
Dominique Anract, Président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Patisserie Française