Potassium et hypertension - Fondation HTA

Potassium et hypertension artérielle

Il est démontré qu’une alimentation pauvre en sel et riche en potassium participe à une diminution des chiffres de la tension.

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Interview du Dr Philippe Giral hypertension,alimentation,prise de poids,obésité,baisser la tension artérielle,sel,ail,potassium,sodium

Quels sont les aliments qui contiennent du potassium ?

Beaucoup d’études ont montré qu’un régime riche en potassium entrainait une baisse de la pression artérielle de quelques millimètres de mercure et avait aussi des effets bénéfiques pour prendre en charge l’insuffisance cardiaque.

Le régime DASH mis au point aux USA est riche en aliments qui apportent du potassium. Il a été utilisé dans de nombreuses études et les preuves de son intérêt pour préserver la santé cardiovasculaire sont indiscutables.

Parmi les aliments riches en potassium et populaires on doit citer en premier le cacao. La rumeur indique souvent que le chocolat est riche en potassium. La vérité nutritionnelle est que ce sont les préparations les plus riches en poudre de cacao qui sont celles qui contiennent le plus de potassium.

Ainsi, pour augmenter les apports de potassium il faudra tenir compte du contenu en poudre de cacao du chocolat consommé : par exemple, un chocolat au lait est sucré et apportera peu de potassium, alors qu’un chocolat noir à plus de 70 % sera beaucoup plus favorable pour l’apport de potassium.

Il y a d’autres aliments riches en potassium. Ce sont :

  • le brocolis, les légumes verts, le chou
  • les légumineux : haricot blanc et lentilles
  • les fruits : banane et abricots quand ils sont déshydratés
  • les pommes de terre, à condition de garder leur peau où se situe le potassium.

Il faut aussi insister sur la relation complexe qui existe entre potassium et sodium. Du temps de l’homme de Neandertal la nourriture était riche en légumes, en fibres et en potassium et très pauvre en sel.

Aujourd’hui, le rapport sodium/potassium s’est inversé : on mange plus de de sodium (sel) que de potassium. Il a été montré que c’est l’élévation du rapport sodium/potassium qui augmente le risque d’hypertension alors que c’est l’augmentation de l’apport en potassium alimentaire concomitant avec une diminution de l’apport en sodium qui fait diminuer le rapport sodium/potassium et cela s’accompagne d’une baisse des chiffres de la tension !

La surconsommation de chlorure de sodium (sel de cuisine) est mauvaise pour la santé cardio-vasculaire.

Toutefois, un régime diminué en sel est bénéfique chez certains sujets mais pas chez tout le monde.

En revanche, un régime riche en potassium d’origine alimentaire est bon pour tous les sujets en bonne santé.

La supplémentation de potassium par comprimé peut être utile chez des patients qui souffrent de baisse de potassium du fait de la prescription d’un traitement par diurétique ou par corticoïde ou chez ceux ayant une perte digestive de potassium (par diarrhées ou vomissements).

En revanche, la supplémentation systématique de potassium peut exposer à un risque d’hyperkaliémie (élévation sanguine importante de potassium pouvant provoquer de graves troubles cardiaques) en particulier chez les patients avec une maladie rénale ou chez ceux prenant des médicaments par IEC par sartans ou par spironolactone.

Le suivi d’un régime riche en potassium doit donc être surveillé chez ces patients à risque.

Pour en savoir plus :

Alimentation et Hypertension artérielle

Ne pas faire n’importe quoi avec le potassium

Par le Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation Hypertension

Il a été observé scientifiquement que la substitution de sodium par du potassium s’accompagnait d’une diminution de la pression artérielle et du nombre d’AVC. En conséquence, l’OMS recommande une consommation de potassium d’au moins 3 g et demi par jour chez l’homme et d’au moins 2 g et demi par jour chez la femme.

A ceux qui veulent augmenter leur consommation de potassium, je donnerai les conseils suivants :

Premier conseil

Les sources naturelles de potassium se trouvent dans les fruits et particulièrement lorsqu’ils sont séchés, dans les graines aussi, en particulier dans le cacao, et dans les légumes.

Le fruit le plus connu comme apportant du potassium est la banane, mais le champion est en fait l’abricot sec avec près de 1 g de potassium pour 100 g de fruit.

La banane est la plus populaire mais en réalité la quantité de potassium apportée n’est que de 0,5 g pour 100 g de fruit.

Moins connu est l’avocat qui, en réalité, contient deux fois plus de potassium qu’une banane.

Pour les légumes, le contenu est variable selon le légume et selon la préparation culinaire réalisée. Il est dit que c’est la peau de la pomme de terre qui apporte le potassium et que la cuisson à l’eau fait diminuer le contenu en potassium.

Pour la tomate, c’est au contraire la chair qui contient le potassium et en conséquence des quantités élevées de potassium sont notées dans les sauces tomates.

Deuxième conseil

Comme le potassium est éliminé par les reins, une absorption excessive de potassium peut devenir un danger chez les sujets dont le fonctionnement rénal est modifié.

Il faut absolument éviter les apports volontaires de potassium chez les patients qui souffrent d’une insuffisance rénale sévère, chez les patients dialysés mais aussi chez tous ceux qui prennent des médicaments antihypertenseurs ayant une action sur l’élimination du potassium par les reins (ce sont tous les antihypertenseurs de la famille des sartans, les IEC, la spironolactone, l’amiloride). Pour ces patients, il existe un risque d’élévation du potassium dans le sang appelé hyperkaliémie, dont les conséquences sur le fonctionnement cardiaque peuvent être dramatiques.

Troisième conseil

Il ne faut ni acheter ni consommer des « sels de régime » lorsque l’on est soigné pour une hypertension artérielle. En effet, ces sels de régime sont le plus souvent des sels de potassium et il y a un risque d’hyperkaliémie s’ils sont consommés par un patient traité avec un sartan, un IEC, la spironolactone ou l’amiloride.

Pour en savoir plus sur les mesures alimentaires à suivre par les sujets avec une hypertension artérielle, allez sur la chaîne YouTube Hypertension France.

Interview du Pr Xavier Girerd par le Pr Boris Hansel, pour la chaîne PUMS

Boris Hansel : L’hypertension artérielle est soignée classiquement avec des antihypertenseurs. Ce sont des médicaments. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’il y a des moyens naturels d’agir sur les chiffres de la pression artérielle. Le professeur Xavier Girerd, cardiologue hypertensiologue du collège de Pums, va parler des traitements naturels. On a vu passer dans la presse grand public un article qui suggère qu’on peut maintenant traiter, ou qu’on pourrait bientôt traiter, l’hypertension artérielle avec des probiotiques. Les probiotiques sont des micro-organismes qui vont entrer dans notre corps et qui pourraient nous faire plein de bien, notamment en agissant au niveau de l’intestin, au niveau du microbiote. Est-ce ou pas un traitement pour bientôt contre l’hypertension artérielle ?

Pr Xavier Girerd : J’ai été déçu parce que cet article a été réalisé sur une expérimentation chez des souris. J’ai appris avec le temps que ce qu’on démontre chez la souris ne marche pas toujours. Et quelque chose m’a choqué, c’est qu’on a proposé à ces souris de manger beaucoup de fruits, du fructose, parce que chez la souris manger beaucoup de fruits provoque l’hypertension artérielle. Il y a là quelque chose qui ne va pas du tout.

B. H. : Effectivement la souris ne semble pas très proche de l’homme quand vous nous dites que les fruits augmentent l’hypertension artérielle chez la souris parce que les fruits, à ma connaissance, sont plutôt recommandés en prévention des maladies chroniques et pour les personnes qui ont de l’hypertension artérielle ?

X. G. : Oui c’est plus que recommandé, il y a des preuves très certaines que si l’on augmente, dans son alimentation, les aliments riches en potassium, on va plutôt avoir moins de maladies cardiovasculaires.

B. H. : Les fruits que vous mentionnez sont riches en potassium ? Ces fruits-là sont particulièrement intéressants ?

X. G : En fait, c’est plus les légumes et certains fruits – plutôt les fruits secs. Le champion est l’abricot sec. La banane est très connue mais dans l’abricot sec il y a plus de potassium que dans la banane. Il faut en manger plus aussi. Dans les légumes, c’est l’avocat. Je ne sais pas si l’avocat, pour vous Boris, est un fruit ou un légume mais en tout cas c’est le plus riche en contenu en potassium.

B. H. : On a parlé du potassium des fruits et légumes qui peuvent en apporter mais est-ce qu’il n’y a pas une solution plus simple qui serait de prendre un complément alimentaire de potassium ? C’est « naturel ».

X. G. : La littérature est un peu fluctuante. La littérature scientifique, celle où il y a vraiment des preuves. Il est mieux, semble-t-il, de prendre le potassium naturel, celui qui est contenu dans des produits, plutôt que de prendre un comprimé parce que le comprimé c’est du potassium associé à du chlorure de potassium qui peut agresser l’estomac et provoquer des problèmes d’ulcère. Il vaut mieux prendre le potassium naturel contenu dans les aliments, c’est ce que je préconise plutôt que des préparations spéciales.

B. H. : Il y a autre chose que les médecins demandent aux personnes qui ont de l’hypertension artérielle, c’est de réduire les apports de sel. Est-ce que ça fonctionne chez tout le monde de faire attention aux apports en sel ?

X. G. : En fait, moins on a de niveau de tension, plus les apports en sel qui diminuent ont pas d’effet, voire ont un effet paradoxal : les gens en bonne santé qui ne mangent pas de sel du tout s’exposent à une augmentation de la mortalité cardiovasculaire, selon les données de la littérature. Quand on mange trop de sel, en manger moins aide un peu à soigner l’hypertension, surtout dans les formes d’hypertension les plus sévères. C’est donc chez ces patients qu’il y a un intérêt à faire un effort vis-à-vis des aliments riches en sel.

B. H. : Donc si on donne des conseils concrets pour limiter les excès de sel, un top 5 des conseils pratiques ?

X. G. : Je dirais que ça dépend du type de cuisine que l’on aime. Si on aime manger asiatique, attention parce que les sauces asiatiques sont extrêmement salées, et puis le glutamate, c’est du glutamate de sodium qu’on rajoute. Si on mange les recettes africaines : dans les recettes africaines subsahariennes, on ajoute du bouillon cube, 5 ou 6 par plat ! C’est beaucoup trop. Si on ne mange que du poisson fumé c’est surtout salé, plus que fumé. Si on ne mange que du fromage, c’est trop salé à la fin de la semaine. Ce sont des conseils très simples : il faut varier son alimentation, ne pas manger sans sel. Manger sans sel quand on est en bonne santé, ça ne fait pas vivre plus longtemps et ça ne fait pas disparaître la possibilité de devenir hypertendu. Il y a tellement de facteurs qui font devenir hypertendu que le sel est un tout petit facteur. Mais quand on est hypertendu avec une tension très élevée, si on mange trop salé ce n’est pas bon non plus. Donc ces patients-là doivent faire un effort sur le sel.

B. H. : C’est pas simple de quantifier ce qu’on mange en sel au quotidien. Y a-t-il des moyens pour s’évaluer, des dosages sanguins, des prises de sang ? On sait que la prise de sang ne permet pas de savoir. C’est pas parce qu’on a un taux de sodium dans le sang bas ou élevé que ça veut dire qu’on ne mange pas assez ou trop de sel. On peut utiliser des prélèvements d’urine, non ?

X. G. : Bien évidemment mais c’est globalement trop lourd trop et peu faisable. Dans quelques mois, existera un test rapide qui va permettre de savoir si on a mangé beaucoup de sel au dernier repas. J’ai entendu parler de ça et ça va sortir en France dans quelques mois. On pourra savoir, avec une petite bandelette comme on met une bandelette dans la piscine pour savoir s’il y a trop de chlore. Mais aujourd’hui, c’est très compliqué de savoir si on a mangé très salé. Il y a un petit moyen : si on a soif, ça veut dire que le repas était très salé.

B. H. : On a parlé du potassium, du sel et des aliments qui en contiennent. Est-ce qu’il y a d’autres conseils alimentaires « naturels » ?

X. G. :  Ces deux-là sont aujourd’hui les plus démontrés. Il y a peut-être des choses qui sont en cours. Il existe beaucoup de rumeurs, l’ail, etc. Quand on regarde vraiment les choses : le cacao, par exemple, il en faut de telles quantités que si l’on prend trop de cacao, de chocolat, c’est trop calorique et on va prendre du poids. En fait, tous les éléments dont on vient de parler ont de petits effets. Il ne faut pas aujourd’hui penser que ces effets sont cumulatifs. La nutrition a un effet petit, l’activité physique a un effet petit, malheureusement pour beaucoup de gens qui n’aiment pas les médicaments. Mais les médicaments ont un effet très grand, c’est pourquoi les médecins prescrivent plutôt les médicaments !

Pour aller plus loin :