Le tabac et le tabagisme, de cigarettes en particulier, est toujours à rechercher chez un hypertendu pour pouvoir l’aider à stopper son intoxication tabagique.
A quoi sert d’embêter les gens, de leur dire d’arrêter de fumer quand ils sont hypertendus ? ça sert surtout à diminuer leur risque de faire une maladie cardiovasculaire. En particulier les maladies cardiaques, infarctus du myocarde sont très très liés au tabagisme. Et encore plus augmenter le risque quand on est fumeur et tabagie.
Alors diminuer sa consommation de tabac ne changera absolument rien au contrôle de la pression artérielle, à l’exception du moment où on est en train de fumer. Lorsque l’on fume une cigarette, la pression artérielle augmente de 10 à 20 mm de mercure pendant une demi-heure, donc l’arrêt du tabac va permettre d’avoir, tout au long de la journée, si on est un gros fumeur, une pression artérielle un petit peu plus basse.
Maintenant l’arrêt du tabac ne permettra pas de ramener la pression artérielle à la normale chez quelqu’un qui a une hypertension artérielle. Donc le message est un message d’encouragement pour diminuer son risque de maladies cardiovasculaires mais aussi un message de vérité : pour soigner l’hypertension artérielle, il faut prendre des médicaments antihypertenseurs ou réaliser des efforts nutritionnels qui rentrent dans la catégorie des mesures dites « non médicamenteuses » du traitement de l’hypertension.
La consommation d’alcool chez un hypertendu est possible. Alors comme toujours quand on parle de l’alcool et bien il faut boire avec modération.
Est-ce que l’alcool favorise l’hypertension artérielle ? Il y a beaucoup de travaux depuis des décennies pour tenter de répondre à cette question. C’est pas une question à laquelle on répond simplement.
L’alcool favorise-t-il l’hypertension artérielle ? La réponse est globalement non. Ce n’est pas le verre d’alcool, le verre de vin par jour ou les deux verres de vin par jour qui vont favoriser.
Mais si vous êtes dépendant à l’alcool et que vous êtes hypertendu, votre hypertension artérielle devient beaucoup plus difficile à soigner pour une raison très intéressante : les médicaments de l’hypertension artérielle manquent d’efficacité quand on a une dépendance à l’alcool qui modifie le fonctionnement du foie. Et c’est le foie qui détruit les médicaments. De ce fait, vous prenez un médicament, il est détruit complètement par le foie qui est activé par l’alcool et du coup le médicament ne marche pas.
Il est très difficile de soigner les patients qui ont une dépendance à l’alcool. Mais il ne faut pas non plus interdire totalement l’alcool : un verre de vin quand on est hypertendu c’est tout à fait possible.
L’avis du Pr Xavier Girerd et du Pr Atul Pathak sur la nouvelle Guideline AHA/ACC 2025
Ils ont eu le courage de dire que oui les toxiques – il y a beaucoup de médicaments, il y a peu de gens impliqués par ça – mais cocaïne, amphétamines, drogues illicites, c’est dans la liste. Tous ces patients qui viennent nous voir en consultation, peut-être âgés de moins de 50 ans, on va dire, faisons-leur une recherche systématique, avec leur accord, de toxiques, et ayons des chiffres, parce que peut-être qu’on sera extrêmement surpris ? En tout cas, c’est ce que suggère cela. Vous êtes pharmacologue, j’aimerais avoir votre sentiment.
Trois commentaires : sous votre présidence, Professeur Girerd, nous avions fait une fiche sur justement les hypertensions artérielles toxiques. On avait détaillé un grand nombre de classes pharmacologiques dont celles que vous citez nommément. Décidément, on va avoir l’impression que les Américains nous ont tout piqué ! Mais on avait cité nommément ces médicaments sympathomimétiques, ces drogues. Deuxièmement, il y a eu une étude française qui a d’ailleurs fait l’objet d’une publication menée par Theo Pelzel de Paris, qui rapporte finalement sous la forme d’un registre, l’importance des syndromes coronariens aigus induits par les toxiques avec là un dosage systématique réalisé aux soins intensifs de cardiologie, chez des patients dont vous vous doutez qu’ils sont très jeunes, et où on retrouve les mêmes suspects que sont ceux que vous citez, c’est-à-dire des médicaments vasoconstricteurs, tachycardisants, en général sympathomimétiques, profibrosants, prohypertrophiants. Et donc on sait que le mécanisme d’action de ces médicaments peut à la fois expliquer les complications cardiaques aigües mais aussi les poussées tensionnelles. Et donc je retiens votre idée peut-être de lancer un travail un peu similaire, une sorte de registre ou d’étude observationnelle sur les hypertensions artérielles toxiques. Je retiens. Dont acte.