Auteur : Pr Xavier Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle et cardiologue à l’Assistance Publique à Paris.
Dans ce numéro d’infos@tension, je souhaite vous aider à choisir une application, si vous êtes hypertendu.
Au cours des dernières années, les hypertendus ont bénéficié de nombreuses innovations en particulier concernant la santé numérique.
L’usage d’applications pour smartphone ou tablette, permettant d’aider au diagnostic, au traitement ou à la prise en charge d’une maladie correspond à la catégorie des outils digitaux de la m-santé.
La recherche sur les stores Apple et Google avec le mot-clef «Hypertension» ou «Blood pressure» conduit à obtenir des centaines d’applications, en majorité gratuites, dont la plus populaire a eu plusieurs millions de téléchargement.
Pour choisir une app pour le suivi de son Hypertension, il faut d’emblée exclure toutes les applications qui proposent de mesurer directement la tension en posant un doigt sur l’écran ou sur le capteur photo du smartphone. En effet, les tensions affichées sont fantaisistes et le dépistage d’une hypertension ou d’une hypotension n’est absolument pas fiable.
Pour choisir une app qui donne des informations médicales sur l’hypertension, ou qui permet d’inscrire des tensions sur un tableau, le classement par nombre d’étoile et la lecture des commentaires des utilisateurs permettra de faire son choix.
Enfin, si l’app recherchée est destinée à aider à utiliser un tensiomètre automatique, pour effectuer un autodépistage ou une automesure, le choix devrait être basé sur la connaissance du score MARS (Mobile App Rating Scale) qui comporte une évaluation de la qualité du référencement médical des algorithmes.
depistHTA et suiviHTA, les app proposées par Solutions Santé Digitale et recommandées par plusieurs sociétés savantes dont la FRHTA, ont un score MARS supérieur à 4, sur une échelle allant de 1 à 5. Elles sont gratuites et utilisables avec tous les tensiomètres automatiques sans aucun transfert des données médicales vers le serveur du fabricant de tensiomètre.
depistHTA est utile pour réaliser un autodépistage de la tension, analyse les chiffres de tensions et donne un conseil personnalisé.
suiviHTA aide à réaliser l’automesure de la tension, analyse les chiffres de tensions et donne un conseil personnalisé.
L’enquête FLAHS 2020 a été réalisée en juillet 2020 par un auto-questionnaire envoyé à 6 000 individus âgés de 35 ans et plus, issus de la base de sondage permanente Métascope de Kantar Health. Une représentativité des résultats pour la population française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.
Dans FLAHS 2020, 1% des sujets avec une hypertension traitée déclare utiliser une application dédiée à la prise en charge de la tension.
Chez les sujets sans hypertension, le pourcentage d’utilisateur est de 2%.
Il existe des centaines d’applications qui sont en rapport avec la gestion de la tension ou de l’hypertension artérielle. La plupart sont gratuites et en anglais. L’appli la plus populaire affiche plusieurs millions de téléchargements.
En France, on dénombre 15 millions d’hypertendus dont 10 sont traités par anti-hypertenseurs mais l’enquête FLAHS 2020 indique que l’usage des appli HTA reste encore confidentiel.
Les applications depistHTA et suiviHTA sont utiles pour bien utiliser un tensiomètre automatique. L’analyse des chiffres de tensions permet de donner un conseil personnalisé qui est issu de la recommandation 2020 pour la prise en charge de l’Hypertension émise par la Société Internationale d’Hypertension. Pour consulter tous les résultats des études FLAHS, rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS sur le site frhta.org
Pour consulter tous les résultats des études FLAHS, rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS.
Auteur : Dr MC Wimart, membre du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
Voici les résultats de l’étude HOME BP réalisée en Grande- Bretagne chez plus de 600 hypertendus.
Son but a été de proposer à des hypertendus traités et à leur médecin un parcours de soins innovant utilisant l’automesure et l’usage d’outils numériques:
Les patients étaient informés sur l’HTA et les moyens de traitement par la nutrition avec des vidéos et un site internet dédié.
Les médecins avaient un programme pre-établi avec le patient, d’adaptation des anti-hypertenseurs selon les résultats de l’automesure.
Des rappels par mail étaient envoyés au patient pour la réalisation des automesures et l’observance des traitements.
Un groupe de patients attribué par tirage au sort avec une prise en charge classique sans automesure a servi de comparateur. La tension a été mesurée dans les deux groupes après un an, en utilisant un tensiomètre automatique lors d’une consultation.
Les résultats de cette étude montrent qu’avec le parcours de soin innovant une baisse tensionnelle significative supplémentaire de -3,4 mmHg pour la SYS est obtenue et une baisse de plus de 5 mmHg est observée pour 74 % des sujets alors qu’elle n’est que de 60 % chez les patients ayant un suivi classique.
Cette étude confirme que lorsque le parcours de soin comporte l’usage répété de l’automesure combiné à des règles d’adaptation des traitements pre-définies, la prise en charge de la tension s’améliore.
Lydie Canipel bonjour, vous êtes co-présidente de la Société française de santé digitale et cofondatrice de l’Université de la médecine digitale. Alors quelles actions la SFSD entreprend-elle pour développer la prise en charge numérique des maladies chroniques ?
La Société française de santé digitale est une société savante donc les actions qu’elle mène, ce sont ses missions, c’est accompagner les professionnels de santé dans l’évolution de leurs pratiques professionnelles ainsi que les patients pour la mise en place de ce virage numérique en France et afin qu’ils s’approprient, non pas des nouveaux métiers, c’est pas un nouveau métier de faire de la télésanté, mais tout simplement pour mettre en place les organisations nécessaires pour organiser en toute sécurité – et j’allais dire dans le bien-être du patient et du médecin – la télésanté en France.
Donc quand on parle de télésanté, on parle à la fois de télémédecine et de télésoins. Il ne faut pas confondre : ce qui change, c’est qu’ils vont être exercés à distance, à l’aide d’outils. Et donc c’est pas les outils qui changent le métier : les outils viennent en aide, ils doivent être adaptés aux usages et on doit mettre en place une organisation pour continuer à exercer, comme on exerçait en présentiel, à distance. Donc on voit bien que les métiers ne changent pas, ce qui change ce sont les organisations pour exercer ce que nous on soutient à la Société française de santé digital : une médecine digitale, humaniste. Aujourd’hui, le digital ne doit pas bouleverser cet exercice de la médecine humaniste, il doit l’accompagner, il doit la favoriser.
Vous avez collaboré activement avec la Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle sur le projet InoHTA, quelles leçons en avez vous retiré ?
C’est quoi le programme InoHTA ? Regardez : I NO HTA c’est « je dis non à l’hypertension ». Tout ce programme était à la fois un programme simple, extrêmement simple. Les outils ont été pensés de façon simplifiée, ils n’auraient pas pu exister sans la Fondation de recherche en hypertension artérielle parce que ça fait des années que cette Fondation fait de la recherche pour mieux comprendre tous les mécanismes de l’hypertension mais aussi tous les mécanismes humains autour de l’hypertension artérielle, et comment cette… quand je dis mécanisme humain c’est la prescription médicale, c’est le patient avec l’automesure et comment il est en autonomie, et c’est grâce à la Fondation HTA, la fondation de recherche, qui a à la fois apporté toute sa connaissance de l’hypertension artérielle et sa volonté profonde, dans ce monde qui est en plein virage numérique, de faire bénéficier les patients hypertendus de ces nouvelles technologies en les adaptant à la connaissance des années de recherche derrière.