Mesurer la pression artérielle est un geste emblématique de la pratique médicale. Les médecins savent réaliser la mesure de la « tension » depuis la fin du 18e siècle. Pourtant, en 2023, ce sujet reste toujours d’actualité avec des nouveautés qu’il faut connaître.
Voici 3 informations sur les nouveautés concernant la mesure de la pression artérielle :
Il faut aujourd’hui utiliser des tensiomètres automatiques pour effectuer la mesure de la pression artérielle.
Cette recommandation est depuis quelques années celle de tous les experts : en Europe, en GB, aux USA, en Asie.
En Europe, les tensiomètres automatiques qui possèdent le marquage CE peuvent être utilisés avec une grande confiance.
Ces tensiomètres automatiques, autrement appelés tensiomètres électroniques, ont comme avantage supplémentaire d’afficher les valeurs de la pression artérielle avec une précision plus importante que les tensiomètres traditionnels.
Ainsi, 3 chiffres sont affichés pour la systolique, alors que 2 chiffres sont donnés avec la méthode traditionnelle, et 2 ou 3 chiffres sont affichés pour la diastolique, alors qu’un seul chiffre est donné avec la méthode traditionnelle.
Certains « nouveaux » tensiomètres utilisent des technologies différentes de celles des tensiomètres automatiques actuels. En 2023 les experts de l’hypertension considèrent que ces tensiomètres de nouvelle génération (les bracelets, les bagues, les montres, les caméras de visage) sont encore dans la catégorie des gadgets concernant la mesure de la pression artérielle.
Leur usage n’est donc pas actuellement recommandé pour réaliser le diagnostic ou la surveillance d’une hypertension artérielle.
Des validations complémentaires seront nécessaires avant de pouvoir en autoriser l’usage pour le soin médical.
Toutefois de nombreux outils numériques comme les applications spécialisées, le dossier médical informatisé, la télé consultation, la télé expertise, l’IA conversationnelle sont largement utilisés par les experts car ils ont montré leur intérêt pour améliorer la prise en charge des hypertendus.
Il faut savoir que l’utilisation de ces outils numériques peut nécessiter l’usage de tensiomètres automatiques mais pas obligatoirement l’achat de tensiomètres ou de gadgets connectés.
Pour en savoir plus sur les projets menés sur la e-santé dans l’hypertension artérielle par la Fondation Hypertension, rendez-vous ici
* Impact of Successive Office Blood Pressure Measurements During a Single Visit on Cardiovascular Risk Prediction: Analysis of CARTaGENE. Hypertension 2023 Oct;80(10):2209-2217. DOI: 10.1161/HYPERTENSIONAHA.123.21510
La pression artérielle étant variable, les experts recommandent après la première mesure, de refaire une ou deux mesures, en particulier si cette première mesure indique des chiffres à plus de 140 pour la SYStolique ou à plus de 90 pour la DIAstolique.
Le protocole actuellement proposé en Europe est donc de réaliser 3 mesures consécutives:
La raison principale qui justifie cette méthode des « 3 mesures » est que chez un adulte sur deux la troisième mesure est plus basse que la première. Une étude épidémiologique réalisée au Canada et publiée en 2023 indique que c’est la tension Systolique de la 3e mesure qui est la plus précise pour définir le risque cardio-vasculaire d’un adulte*.
Dans l’analyse des données de l’Observatoire de la Tension réalisé par la Fondation Hypertension depuis 2018, il est montré que seulement 9% des adultes ont une tension SYStolique et DIAstolique stable lorsque la méthode « des 3 mesures » est appliquée (lire l’article ci-dessous).
Les actions de prévention réalisées en entreprise par la Fondation Hypertension depuis 2018 ont permis de réaliser des mesures de tension de façon standardisée chez plus de 10 000 adultes âgés de 18 à 66 ans qui étaient sur le lieu de leur travail en journée.
La méthode suivie pour réaliser la mesure de tension était celle recommandée par les experts de l’hypertension artérielle (Société Française d’HTA, Société Européenne de Cardiologie, Haute Autorité de Santé) soit :
Près de 700 dépistages ont été effectuées au cours des années 2022/2023 dont plus d’une centaine chez des employés de l’hôpital Princesse Grace à Monaco. Toutes les mesures ont été effectuées avec des tensiomètres automatiques de la même marque (Spengler TENSONIC avec brassard huméral de taille 22-36 cm).
Le protocole « 3 mesures » a été appliqué chez tous les participants. Les mesures ont été réalisées en position assise. Chaque participant bénéficiait d’une aide minimale pour la mise en place du tensiomètre et pour la réalisation de la première mesure, les 2 mesures suivantes étaient effectuées sans aide (mesure unattented).
L’analyse des données a été réalisée de façon postérieure aux journées de dépistage.
Pour chaque participant il a été déterminé les « profils de tension » pour la SYStolique et la DIAstolique selon le résultat obtenu par le calcul de la différence entre la mesure 1 et la mesure 3 pour la SYS et la DIA :
Les résultats indiquent que :
Ces résultats indiquent qu’une tension stable est rarement observée chez l’adulte lorsque la tension est mesurée sur le lieu du travail. La recommandation de mesurer 3 fois de suite la tension lors des actions de dépistage est justifiée pour reconnaître les sujets ayant un effet blouse blanche ou une tension masquée sur la SYS ou la DIA.
Pour réaliser le dépistage de la tension avec usage d’un tensiomètre automatique en auto-mesure, la Fondation Hypertension a mis au point le test « Mesurer la Tension ».
Pour en savoir plus sur l’organisation d’une action de dépistage de la tension rendez-vous à la rubrique ACTIONS.
Quand on a une augmentation de la pression artérielle dans un contexte de stress, on va pouvoir tromper son médecin ou tromper le professionnel de santé qui mesure la pression artérielle et qui va dire : « il y a élévation des chiffres tensionnels ! »
Aujourd’hui, on sait que ces hypertensions « blouse blanche », il faut les explorer en réalisant d’autres examens, en particulier une mesure en dehors du contexte médical que l’on appelle l’automesure ou la mesure ambulatoire de pression artérielle, pour pouvoir affirmer ses hypertensions artérielles « blouse blanche » qui ne sont pas des hypertensions artérielles qui doivent être soignées comme le sont les hypertensions artérielles permanentes.
Mesure de la pression artérielle (SFHTA)
Feu mon père, le Dr Diegel, était l’un des pionniers de l’informatique à domicile. Récipiendaire d’une bourse Fulbright, il a joué un rôle déterminant dans le développement de langages informatiques tels que Fortran et Basics, aujourd’hui presque oubliés. Véritable mathématicien et statisticien, il développait fièrement des preuves d’une clarté aveuglante sur toutes sortes de sujets improbables. Pour citer Gabriel Garcia Marquez, « Il passait de longues heures dans sa chambre à effectuer des calculs sur les possibilités stratégiques de cette arme révolutionnaire, tant et si bien qu’il finit par composer un traité d’une étourdissante clarté didactique et d’un pouvoir de conviction irrésistible. »
Il nous a un jour fait une démonstration limpide de la puissance de l’informatique en utilisant un ordinateur Osborne (l’un des premiers ordinateurs portables). Il a entré dans l’ordinateur toutes les données physiologiques connues sur le corps humain et a démontré, logiquement et clairement, qu’il était physiquement impossible pour le corps humain de courir 100 m en moins de 10 secondes.
C’était en 1982.
En mai 1983, Carl Lewis courut le 100 m en 9,97 secondes, à basse altitude.
Et aujourd’hui, presque tous les sprinteurs courent 100 m en moins de 10 secondes. Ce qui semblait impossible il y a quelques années est devenu monnaie courante.
Les appareils de diagnostic médical ont connu des développements incroyables au cours des 30 dernières années. Surveillance de la pression artérielle à domicile, surveillance de la glycémie à domicile, oxymètres de pouls à domicile et bien d’autres appareils conçus sur mesure pour surveiller divers paramètres de santé dans le confort de votre foyer.
Il y a environ 10 ans, est arrivée la première génération des mêmes appareils connectés aux téléphones mobiles afin que les données puissent être utilisées, partagées et mieux comprises. Et il est vite devenu évident que tout ce qui pouvait être connecté serait connecté.
Le concept de pôles de santé universels a commencé à émerger, où tous les appareils pouvaient être connectés à une seule plateforme et ensuite utilisés pour mieux suivre la santé du patient en faisant interagir les différentes données.
Au cours des dernières années, une nouvelle génération d’appareils médicaux (parfois pseudo-médicaux) est apparue, désormais appelés Wearables. Les appareils tels que les montres, les bracelets, les appareils ECG portables et les patchs glucomètres sont devenus courants. Ils en sont encore à leurs balbutiements et mesurent des paramètres relativement simples tels que le pouls, l’évolution de la glycémie ou de la tension artérielle ou encore l’ECG, mais ils annoncent l’arrivée d’une nouvelle génération d’appareils qui seront bientôt capables de surveiller et de gérer à peu près n’importe quelle pathologie. Ces appareils portables deviennent de plus en plus accessibles et conviviaux et constitueront l’un des axes majeurs de développement du diagnostic médical dans les 5 prochaines années.
Un autre axe majeur de développement sera celui des dispositifs multiparamètres. Des hubs uniques, rappelant le Star Trek Tricorder, qui peuvent surveiller une multitude de pathologies ou d’afflictions différentes avec un seul appareil. Pourquoi acheter 10 appareils différents quand un seul peut remplir les mêmes fonctions tout en centralisant les données pour une meilleure gestion ? Ces appareils deviendront partie intégrante du paysage médical car ils sont parfaitement adaptés à la gestion à distance des patients. Ils seront utilisés par les prestataires d’aide médicale, les compagnies d’assurance et dans tout programme de gestion de santé visant à réduire le coût de la réhospitalisation, ou le coût de la prise en charge de pathologies spécifiques.
Des appareils multiparamètres arrivent déjà, comme le WellVii VitalDetect qui mesure 9 paramètres en moins de 90 secondes et permet à l’utilisateur de les transférer automatiquement à un prestataire médical. En effet, le WellVii VitalDetect remplace un ensemble incalculable d’appareils par une solution simple et rentable permettant au patient de surveiller plusieurs pathologies en appuyant simplement sur un bouton. Cet appareil sera présenté au salon Medica en novembre 2023.
Une autre génération de dispositifs médicaux arrive également. Elle pourrait s’appeler les Invisibles. Dans un avenir très proche, nous utiliserons tous des technologies tellement ancrées dans notre vie quotidienne que nous ne nous en rendrons même pas compte. Qu’il s’agisse de capteurs intégrés dans nos téléphones portables ou nos vêtements, ou même sous notre peau, des paramètres simples comme la glycémie ou la tension artérielle seront automatiquement suivis, surveillés, voire dosés en fonction des mesures des appareils.
C’est un nouveau monde…