Auteur : Pr Xavier Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle et cardiologue à l’Assistance Publique à Paris.
Dans ce numéro d’infos@tension, je souhaite partager mon expérience pour savoir si la tension d’un sujet est « sensible au sel ».
Tout hypertendu a déjà entendu parler des bienfaits qu’il tirerait d’une limitation de sa consommation de sel. Les études réalisées au cours des dernières décennies ont montré qu’en moyenne une diminution de 1 g de la consommation de sel par jour s’accompagnait d’une diminution de 1 mmHg de la tension systolique. Mais il est par ailleurs connu que moins d’un hypertendu sur deux verra sa tension baisser s’il réduit le sel.
Les bilans nutritionnels réalisés chez les hypertendus montrent que le sel ajouté avec la salière n’est à l’origine que de 10% de la quantité totale quotidienne. Ce sont les aliments qui contiennent du sel pour leur fabrication ou leur conservation qui apportent la majorité du sel absorbé quotidiennement.
Pour savoir si un hypertendu a un intérêt à limiter le sel, il faut d’abord s’intéresser à son alimentation et pour cela connaître les aliments riches en sel caché qui composent la tradition culinaire de chacun : le Gaulois mange du pain du fromage et de la charcuterie, l’Italien aime la pizza et ajoute largement du parmigiano dans ses pâtes, l’Africain sub-saharien ajoute du Kubor® dans les plats traditionnels, l’Asiatique arrose de sauce soja et nuoc-man ses plats préférés, le Méditerranéen raffole des olives et des anchois, le Nordique aime le poisson fumé, l’originaire des Balkans ajoute de la poudre Vegeta pour donner du goût aux plats.
La réduction de la taille des portions ou l’arrêt de ces aliments pendant une semaine permet de juger de l’effet sur la tension de façon individualisée.
Dans une enquête réalisée chez 2500 hypertendus suivis à la consultation d’un service spécialisé en Hypertension (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), un dosage du sodium sur les urines des 24 heures a été effectué.
Il est observé que le sel est ≥ 12 g chez 19% des sujets. Il existe une différence entre les hommes et les femmes avec une fréquence double chez les hommes à 25%.
Il est observé que le sel est < 6 g chez 29% des sujets. Il existe une différence entre les hommes et les femmes avec une fréquence plus élevée chez les femmes à 35%.
La consommation excessive de sel (≥ 12 g par jour) concerne une minorité de sujets hypertendus qui vivent en Ile-de-France, mais les hommes sont plus nombreux dans cette situation.
Pour consulter tous les résultats des études FLAHS, rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS.
Auteur : Dr MC Wimart, membre du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
On croyait déjà tout connaître sur le sel et la tension, mais une méta-analyse réalisée par l’équipe du Professeur Whelton aux Etats-Unis nous apporte de nouveaux éclairages sur le sujet.
Grâce aux études épidémiologiques, depuis 40 ans, on connaît bien la relation « pour 1 gramme de chlorure de sodium ingéré, on observe + 1 millimètre de mercure de tension systolique », le chlorure de sodium étant aussi appelé « sel ».
Dans cette méta-analyse qui a regroupé des études d’intervention, réalisées avec un régime enrichi en sel ou un régime restreint en sel, une analyse détaille les effets sur la tension SYS et la tension DIA de ces deux régimes chez les hypertendus et chez les normotendus.
Les résultats montrent que :
Lors d’une diminution des apports de sel de 5 g par jour, l’hypertendu a une baisse moyenne de sa tension systolique de -6 millimètre de mercure. Cette baisse est plus importante que celle du normotendu qui est de -2.
Lors d’une augmentation des apports de sel de 5 à 15 g par jour, l’hypertendu augmente en moyenne sa tension systolique de +10 millimètre de mercure alors que le normotendu l’augmente de 4.
En conclusion, cette analyse confirme que l’effet du sel sur la tension est différent chez l’hypertendu et chez le normotendu.
Elle apporte, pour la première fois, l’information qu’une consommation excessive de sel a plus d’effet sur la tension qu’un régime qui diminue le sel.
Cela est sans doute lié au fait qu’il est difficile de réduire de plus de 5 g par jour sa consommation de sel alors qu’il est facile d’avoir un excès de sel de plus de 10 g par jour.
Pour en savoir plus sur le moyen d’évaluer sa consommation personnelle de sel, rendez-vous sur le site comitehta.org
Pour lire l’article :
Filippini T et al. Blood Pressure Effects of Sodium Reduction. Dose-Response Meta-Analysis of Experimental Studies. Circulation. 2021; 143: 1542-67
Les eaux de Wattwiller et son engagement en faveur de la Fondation de Recherche sur l’HTA.