Canicule et fortes chaleurs - Fondation HTA

Canicule, fortes chaleurs

 

Risque de l’excès d’hydratation en cas de canicule chez les patients soignés pour une hypertension

En cas de canicule – les canicules deviennent plus fréquentes depuis quelques années – la question se pose de savoir : faut-il maintenir mon traitement ?

Il faut savoir quel type de traitement on a. Si on a un traitement qui contient un diurétique – c’est marqué sur la boîte, ça s’appelle hydrochlorothiazide, indapamide (e patient demande à son médecin s’il a un diurétique).

Le diurétique en cas de canicule doit plutôt être arrêté, le temps où la canicule est là, 3, 4, 5, 10 jours : on ne prend plus de diurétique parce qu’il va favoriser non pas la déshydratation mais un trouble très particulier qui s’appelle la baisse du sodium : l’hyponatrémie.

L’hyponatrémie est un élément très complexe en médecine, en physiologie médicale. En revanche, il y a un élément qui favorise l’hyponatrémie, c’est les boissons abondantes, et quand il fait chaud les messages de santé publique c’est de dire : buvez ! Les gens boivent et ils font baisser le sodium qu’ils ont dans le sang. Cette baisse de sodium – quand on a moins de 130 de sodium dans le sang – on est dans le coma, on en meurt.

En 2003, pendant la canicule qui s’est abattue en France, la cause de la mortalité des gens âgés a été l’hyponatrémie liée à l’hyper hydratation. Les gens avaient bien bu mais ils n’avaient pas arrêté leur traitement diurétique et c’est ça qui les a malheureusement tués.

Il faut arrêter le diurétique en cas de canicule, c’est-à-dire plus de 40 degrés. Plus de 40 degrés : on ne prend pas son diurétique et puis dès qu’il fait moins de 40 degrés : on reprend le diurétique.

 

Conseils en cas de canicule

Quels antihypertenseurs stopper temporairement ?

Pr Xavier Girerd : Qu’est-ce qu’en pense le néphrologue : les gens qui ont des médicaments diurétiques sur leur ordonnance, IEC, sartan, s’il fait plus de 30° pendant plus de 3 jours et plus de 25° la nuit, est-ce qu’ils doivent interrompre leur traitement ?

Dr Sébastien Rubin : Dans la situation où les médicaments qui sont de deux types, soit les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les sartans, et les bloqueurs du système rénine ou les diurétiques, ont été donnés dans la seule indication de l’hypertension artérielle tout venante, c’est d’interrompre spontanément les trois classes de médicaments qui sont les diurétiques et dans les diurétiques j’ai introduit la spironolactone, ou les bloqueurs du système rénine angiotensine, en cas d’épisode caniculaire pendant quelques jours et de les reprendre spontanément après l’épisode caniculaire. Les deux grosses situations c’est l’insuffisance cardiaque évolutive avec des patients qui ont fait de la décompensation cardiaque, etc, et qui ont besoin de cette pression, cette dose de diurétique, ou les patients qui ont une maladie rénale chronique avancée pour lesquels les diurétiques sont important s’ils ont un trouble de l’excrétion du sel rénal, d’excrétion urinaire de sel, chez ces patients, je ne leur apprends pas à arrêter le médicament puisque je leur dis dans ce cas-là de le conserver, éventuellement de baisser la dose, mais en tout cas de se rapprocher du médecin qui les suit puisque ces patients, qui ont des indications particulières, ont des médicaments importants soit pour leur atteinte cardiaque soit pour leur atteinte rénale.

Les critères pour l’arrêt des antihypertenseurs

XG : Est-ce que le critère de température est un critère suffisant ou pas ?

SR : Quand on a une pression diurétique, on a un trouble de l’excrétion du sel et la dépendance aux diurétiques elle n’est pas uniquement due aux apports sodés, ou ce qu’on appelle nous les pertes intensives, c’est la transpiration due aux grandes chaleurs, elle est aussi due beaucoup à l’alimentation sodée que l’on apporte, etc. Donc en fait, la situation de baisser la dose ou d’adapter va pas être dépendante uniquement de la température mais des habitudes du patient, que l’on connaît.

Examens utiles à réaliser

XG : Si on est un médecin et qu’on voit à sa consultation un patient qui est ce patient fragile parce que avec une atteinte rénale, cardiaque, je ne sais quoi, est-ce qu’on fait un examen de type biologique avant de prendre la décision d’arrêter ou pas ? Est-on fait une créatinine, un hématocrite, un iono, une natrémie ?

SR : Non, on fait un examen clinique, c’est-à-dire que chez ce type de patient, dans des épisodes très élevés, s’il y a plus de signe d’inflation hydrosodée, il n’y a pas d’œdèmes, de surcharge, ça peut suffire pour conseiller la baisse de la dose.

Gérer la tension basse

XG : Est-ce que le niveau tensionnel est, pour vous, à la consultation un critère d’arrêt des traitements ou pas ? Les patients disent ma tension est basse, est-ce que ça vous ça vous pousse à arrêter ou ça n’a pas d’importance ?

SR : Si c’est dans l’hypertension tout venant, le patient qui a ce type de médicament diurétique ou bloqueur du système rénine, qui est en épisode de canicule et qui rapporte spontanément que sa tension est basse, évidemment c’est un critère très fort et suffisant pour faire arrêter la pression diurétique ou les bloqueurs du système rénine pendant l’épisode de grande chaleur.

Faut-il doser la créatinine ?

XG : Si le patient a l’insuffisance rénale connue, est-ce que vous faites une créatinine pour prendre cette décision d’arrêter les traitements ou de les suspendre ou pas ?

SR : Dans cette situation ponctuelle de quelques jours etc, ce qui compte c’est l’état clinique du patient donc moi non. Et même c’est une situation que l’on peut faire par téléphone ou en téléconsultation, on n’a pas besoin d’un examen biologique pour le conseil de l’adaptation de ces médicaments pour quelques jours dans les épisodes caniculaires.

Pourquoi se peser régulièrement ?

XG : Quel sera le critère au téléphone ? Est-ce que vous avez pris du poids ou perdu du poids ?

SR : C’est exactement ça. Ça sera trois choses, ça sera les pressions artérielles du patient qu’il va nous rapporter, sa perte de poids parce que c’est l’examen le plus fiable pour évaluer l’état d’hydratation sur quelques jours.

XG : Le delta en poids, et c’est quoi : 2-3 kg ?

SR : ça dépend vraiment du patient, c’est-à-dire que c’est pas pareil de perdre 1 kilo quand on en fait 40 que d’en perdre un quand on en fait 110. Donc ça c’est très variable mais effectivement un patient qui a des tensions basses et qui a perdu 2 kg, c’est un patient avec qui on va faire baisser la pression diurétique. A contrario, un patient qui garde des tensions élevées, qui a un poids parfaitement stable et qui a des indications diurétiques ou bloqueur du système rénine dans l’indication insuffisance rénale chronique par exemple, ça ce patient ne va pas interrompre.

Que faire en cas de vertiges ?

XG : Est-ce que le vertige c’est pour vous un signe pertinent ou pas ? Le pseudo vertige c’est-à-dire la tête qui tourne un peu.

SR : Il le sera si le patient, enfin quand je vais lui poser la question, va verbaliser que cette situation vertigineuse apparaît à la mise en position debout, c’est-à-dire lorsqu’il se relève. Si c’est un vertige, un malaise un peu généralisé, c’est très aspécifique comme symptôme. Par contre, s’il y a vraiment une sensation vertigineuse au lever, le patient le décrit bien, ou quand il se baisse et qu’il se relève, alors là clairement oui ça fait très hypotension orthostatique et là c’est un critère de baisse de traitement.