Auteur : Pr Xavier Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle et cardiologue à l’Assistance Publique à Paris.
L’année 2021 sera «l’année de l’automesure de la tension». L’automesure de la tension est proposée dans la prise en charge de l’HTA depuis le début des années 1990 et a été rendue possible par la mise à disposition de tensiomètres automatiques fiables et peu chers.
En France, l’automesure qui consiste à mesurer sa tension 3 fois de suite le matin et le soir pendant 3 jours, est la procédure qui avait été recommandée par le Comité Français de Lutte contre l’HTA en 2001 et qui a été retenue par la Haute Autorité de Santé pour aider le médecin à confirmer l’HTA, à estimer l’efficacité du traitement ou à diagnostiquer un effet blouse blanche ou une hypertension résistante.
Malgré ces recommandations, actuellement l’automesure de la tension n’est utilisée que par une minorité des patients en France car l’achat d’un tensiomètre est à la charge du patient sans remboursement et que la gestion et l’analyse des tensions prend trop de temps au médecin.
Au troisième trimestre de 2020, deux avancées importantes sont intervenues :
Faisons le vœu que l’année 2021 sera bien celle du démarrage à grande échelle de l’usage de l’automesure de la tension en France.
en savoir plus sur l’automesure de la tension
Auteur : Dr MC Wimart, membre du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
Voici les résultats d’une étude réalisée par l’équipe du fameux Pr Mancia de Milan qui a analysé la survie à 16 ans des patients inclus dans une étude menée en 1991 en Italie, l’étude PAMELA.
Le but de cette analyse a été de savoir si la mesure de la tension en dehors du cabinet médical par une automesure ou une MAPA apportait une information complémentaire pour l’estimation du risque cardiovasculaire, par rapport à la seule mesure de la tension mesurée pendant une consultation.
Cette étude avait évalué, en 1991, 1833 patients et effectué pour chacun plusieurs évaluations de la tension :
Sur ce graphique vous pouvez voir qu’il existe une relation linéaire entre la Pression systolique mesurée en consultation et celle en automesure avec des chiffres plus bas en automesure. Cette droite est en fait une moyenne car il existe des patients qui ont une Pression artérielle encore plus basse en automesure alors que d’autres ont une pression plus haute que celle estimée par l’équation théorique. Les mêmes observations ont été faites entre la pression de consultation et la MAPA.
Une analyse statistique sophistiquée a permis d’évaluer l’apport de ces différences entre la tension de consultation et l’automesure ou la MAPA sur le risque de mortalité.
Le résultat est que l’automesure apporte un petit coup de pouce pour prédire le risque de mortalité cardiovasculaire et totale. Ce résultat est trouvé tant pour la Pression systolique que pour la pression diastolique. La MAPA sur 24h quant à elle n’a pas plus d’intérêt que l’automesure.
En conclusion cette étude confirme qu’en plus de la tension mesurée à la consultation, l’automesure a un intérêt pour améliorer l’évaluation du risque de mortalité.
Pour obtenir plus de détails sur l’intérêt de l’automesure de la tension pour évaluer le risque cardiovasculaire, lisez le résumé de l’étude publiée dans Hypertension en janvier 2021.
L’enquête FLAHS 2020 a été réalisée en juillet 2020 par un auto-questionnaire envoyé à 6 000 individus âgés de 35 ans et plus, issus de la base de sondage permanente Métascope de Kantar Health. Une représentativité des résultats pour la population française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.
Dans FLAHS 2020, 50 % des sujets avec une hypertension traitée déclarent posséder un tensiomètre à leur domicile et 14 % de ceux qui ne sont pas concernés par l’hypertension ont tout de même un tensiomètre.
Chez les hypertendus traités, la moitié des tensiomètres sont de type brassard au bras, alors que chez les sujets sans hypertension traitée, les tensiomètres avec brassard de poignet sont majoritaires.
Ces pourcentages permettent d’estimer qu’en France, 5 millions de patients hypertendus possèdent un tensiomètre.
Une surveillance de l’HTA par automesure est donc théoriquement réalisable par un nombre très important d’hypertendus.
Pour consulter tous les résultats des études FLAHS, rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS.
Quelle est la place de l’automesure dans l’hypertension connectée ? Sa place commence dès le début, c’est-à-dire à l’initiation du traitement. Avant même d’initier le traitement. Pourquoi ? Parce qu’il faut savoir de quel type d’hypertension il s’agit, donc on a besoin d’affiner le diagnostic pour définir le type d’hypertension car le traitement de l’hypertension dépend de son type. On ne traite pas une hypertension blouse blanche comme une hypertension permanente ou une hypertension sévère, ça c’est le premier point au début du traitement donc pour initier le traitement.
La deuxième étape, si on a besoin de modifier le traitement, si on a besoin de modifier le traitement là aussi on se base sur les valeurs de l’automesure pour ajuster les doses, changer de traitement, changer de médicament. Donc là aussi on a besoin de cette automesure.
La troisième étape, une fois que la tension est traitée, et bien équilibrée, on a besoin de l’automesure pour assurer sa surveillance, pour s’assurer que l’hypertension est bien équilibrée tout le temps.
Maintenant, pendant la vie de l’hypertension traitée, il se trouve que certains patients peuvent être déséquilibrés, ce qu’on appelle une hypertension qui se déséquilibre, elle était équilibrée puis elle se déséquilibre, là aussi pour poser le diagnostic c’est très important de faire une automesure, pour s’assurer que réellement l’hypertension s’est déséquilibrée, ou elle est passée en hypertension résistante, c’est-à-dire elle ne répond plus aux médicaments. Et là le diagnostic est basé aussi sur les valeurs de l’automesure, donc voilà les points les plus importants.
Et puis il y a un point qui va de soi : on sait que les patients qui pratiquent l’automesure ont une adhésion, une compliance au traitement qui est plus importante, donc ça aide les patients, ça motive les patients à se suivre mieux et donc à être plus adhérents à leur traitement. Donc en deux mots, quelle est la place de l’automesure chez l’hypertendu traité : tout le temps ! Tout le temps, nous, médecins quand on fait une prescription d’un médicament on devrait prescrire systématiquement une automesure.
Vous savez, nous sommes à l’ère des appareils connectés et donc nous cherchons à avoir des choses plus que les simples valeurs de la pression artérielle et l’application suiviHTA nous permet plusieurs choses :
Il est vrai que là, la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle a créé un outil très agréable et utile pour les patients, mais aussi pour le médecin. Le patient peut avoir plusieurs intérêts par les fonctions de cette application, mais aussi le médecin à qui ça facilite la tâche.