Auteur : Pr Xavier Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle et cardiologue à l’Assistance Publique à Paris.
Dans ce numéro d’infos@tension, je souhaite vous informer sur les nouveautés dans les traitements de l’hypertension.
Les traitements efficaces de l’hypertension sont disponibles depuis le début des années 1960. Les diurétiques thiazidiques sont les médicaments les plus anciens mais ils sont toujours utilisés car leur association avec les antihypertenseurs plus récents comme les IEC et les sartans augmente le contrôle de la tension. Les antagonistes calciques sont aussi très utilisés car ils sont efficaces en association avec tous les autres anti-hypertenseurs.
Les antihypertenseurs ont une efficacité tensionnelle qui varie selon le patient. Pour augmenter cet effet, il a été mis au point des médicaments qui dans le même comprimé contiennent deux ou trois substances pharmacologiques. Ces médicaments appelés combinaisons fixes ont été une nouveauté dans la prise en charge de l’hypertension car ils ont augmenté l’efficacité mais aussi facilité l’observance des patients au suivi de leur traitement.
Malheureusement les autorités sanitaires en France n’ont pas accordé un remboursement aux combinaisons en trithérapie.
Depuis quelques années, de nouveaux traitements utilisant les techniques dites interventionnelles ont été testées. La dénervation rénale a démontré une efficacité pour faire baisser la tension mais cette efficacité varie selon les sujets sans que l’on puisse aujourd’hui en connaître les raisons. En France cette méthode n’est pas prise en charge par la sécurité sociale et son usage est donc encore restreint aux protocoles de recherche.
Enfin, toutes les études évaluant l’efficacité des nouveaux traitements ont confirmé que pour obtenir le contrôle d’une hypertension, il fallait privilégier la prise d’un seul médicament comportant si besoin plusieurs substances pharmacologiques.
Ainsi, les médicaments dont nous disposons depuis un demi-siècle sont d’autant plus efficaces que le nombre de comprimé quotidien est réduit et que le patient a une bonne observance de ce traitement.
Auteur : Pr Xavier Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle et cardiologue à l’Assistance Publique à Paris.
L’enquête FLAHS 2020 a été réalisée en juillet 2020 par un auto-questionnaire envoyé à 6000 individus âgés de 35 ans et plus issus de la base de sondage permanente Métascope de Kantar Health. Une représentativité des résultats pour la population Française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.
Dans FLAHS 2020, 54 % des hypertendus sont traités par un seul médicament antyihypertenseur, 27% sont traités par deux substances pharmacologiques, 11% sont traités par trois substances pharmacologiques et 8% sont traités par 4 médicaments ou plus.
Sur les 6 dernières années, le pourcentage des patients traités par plus d’un médicament a diminué (55 % en 2014 et 46% en 2020). Cette évolution est la conséquence des modifications de pratique des médecins vis-à-vis des traitements de l’HTA. Comme la monothérapie est moins efficace que la multi-thérapie pour induire une baisse de la tension, les hypertendus qui prennent un seul médicament anti-hypertenseur devraient mesurer leur tension par automesure pour savoir si le traitement ne devrait pas être modifié ou renforcé.
Pour consulter tous les résultats des études FLAHS, rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS.
Auteur : Dr MC Wimart, membre du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
Pour obtenir la normalisation de l’hypertension, des méthodes dites interventionnelles viennent en complément des médicaments antihypertenseurs.
L’étude RADIANCE HTN-TRIO, publiée en juin 2021 dans la prestigieuse revue The Lancet, et coordonnée par le Pr Michel Azizi de l’Hôpital Georges Pompidou à Paris, a évalué les effets de la dénervation rénale chez des hypertendus traités par une trithérapie.
La dénervation rénale est une méthode qui consiste à tenter de détruire partiellement, par un chauffage doux, des fibres nerveuses jouant un rôle dans la régulation de la pression artérielle. Ces fibres se situant dans le pourtour des artères des reins, un cathéter comportant un dispositif par ultrasons est positionné dans les artères des deux reins lors d’un examen radiologique, réalisé sous anesthésie générale.
Cette étude a randomisé 136 patients âgés de 53 ans et dont la pression artérielle n’était pas contrôlée avec un médicament contenant 3 substances antihypertensives à dose maximale.
Dans le groupe des patients ayant eu la dénervation en plus du traitement médicamenteux, la tension SYS a plus baissé que dans le groupe uniquement traité par les médicaments. Cette différence était statistiquement significative.
Il n’a pas eu plus d’effet indésirable chez les patients traités par dénervation.
Ainsi, cette étude démontre sans équivoque que la dénervation rénale est une méthode qui permet d’améliorer le contrôle de la tension des hypertendus non contrôlés par une trithérapie anti-hypertensive. Toutefois, cette étude publiant des résultats après seulement 2 mois de suivi, il reste à évaluer si ce bénéfice persiste sur une longue durée.