Œil et tension - Fondation HTA

Œil et tension

 

Abonnez-vous à infos@tension

Découvrir le dernier numéro

Archives

 

écouter le podcast ou regarder la vidéo

 

 

LES CONSEILS DU Pr XAVIER GIRERD

« Les yeux sont les lucarnes du cerveau » et différents troubles de la vision peuvent survenir au cours du suivi d’une hypertension mais parfois c’est le bilan ophtalmologique qui provoque la prise en charge de la tension.

 

diapositive 2

Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle

Je souhaite vous informer sur les nombreuses relations qui existent entre les yeux et la tension.
L’anatomie des yeux fait dire que « Les yeux sont les lucarnes du cerveau ». Comme le cerveau est un une cible de l’hypertension artérielle, il est utile de connaître les signes ophtalmologiques qui doivent alerter un hypertendu.
La tache rouge du « blanc de l’œil » correspond à une hémorragie sous conjonctivale. Si ce signe inquiète les patients, il est en fait bénin et sans gravité, et il disparaît habituellement en quelques jours. Toutefois, l’avis du médecin est utile, car il permet souvent de dépister une hypertension artérielle, inconnue ou mal équilibrée.
En revanche, les signes suivants doivent conduire à prendre un avis spécialisé rapidement : Voir en double ; Avoir une baisse de la vision rapide d’un œil ou des deux yeux ; Avoir un voile noir partiel ou total sur un seul œil. Ces signes peuvent traduire la survenue d’un caillot dans une artère ou une veine de la rétine, ou la souffrance d’un nerf d’un muscle qui commande la mobilité des yeux, ou l’atteinte par une hypertension du nerf optique ou des régions du cerveau responsables de la vision.
Si la tension est très élevée, le diagnostic d’hypertension maligne est affirmé et dans ce cas les troubles de la vision disparaitront lorsque la tension aura diminué.
Le bilan chez un ophtalmologiste qui indique des anomalies du « fond de l’œil » correspond le plus souvent à une « rétinopathie hypertensive ». Celle-ci est sans gravité dans la majorité des cas, sauf chez le diabétique chez qui « la rétinopathie diabétique » est à rechercher chaque année afin d’éviter le risque de cécité.
Récemment, des études ont montré que les patients souffrant d’un glaucome avaient souvent une hypertension artérielle, et que certains patients aggravaient leur vision si la tension artérielle était trop basse pendant le sommeil. L’avis du spécialiste de l’hypertension est donc parfois aussi demandé par l’ophtalmologiste.
Pour en savoir plus sur les nombreuses relations qui existent entre les yeux et la tension, écoutez les podcasts « les voix de l’hypertension ».

 

LA TENSION EN CHIFFRES

En 2010 en France métropolitaine, dans la population des 35 ans et +, 19 % des hypertendus traités et 8 % des sujets sans traitement pour l’HTA déclaraient avoir au moins un trouble sérieux de la vision (cataracte, glaucome, cécité). Chez les 75 ans et +, ces maladies étaient déclarées chez 34 % sujets avec HTA traitée et chez et 32 % des sujets sans HTA.

diapositive 3

Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle

L’enquête FLAHS 2010 a été réalisée en mai-juin 2010 par un auto-questionnaire envoyé à 4 500 individus âgés de 35 ans et plus issus de la base de sondage permanente Métascope de Kantar Health. Une représentativité des résultats pour la population Française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.
Pour connaitre les maladies sérieuses de la vision (cataracte, glaucome, cécité) dont souffrait actuellement ou avait souffert dans le passé chaque participant, il a été demandé de remplir un questionnaire de santé standardisé qui comportait la possibilité de répondre par oui ou par non à la question.
En 2010 en France métropolitaine, dans la population des sujets âgés de 35 ans et plus, 19% des hypertendus traités et 8% des sujets sans traitement pour l’HTA déclaraient avoir au moins un trouble sérieux de la vision (cataracte, glaucome, cécité). Chez les 75 ans et plus, ces maladies étaient déclarées chez 34% sujets avec HTA traitée et chez et 32% des sujets sans HTA.

Ces chiffres suggèrent que les hypertendus traités ont plus fréquemment, avant l’âge de 75 ans des maladies sérieuses de la vision. Il est connu que l’hypertension artérielle est plus fréquemment observée chez les malades ayant un glaucome et que l’hypertension artérielle peut provoquer une rétinopathie hypertensive.
Dans le suivi d’une hypertension artérielle, la consultation chez un ophtalmologiste va favoriser le dépistage de maladies des yeux de façon précoce dont le glaucome et la rétinopathie diabétique ce qui va permettre la mise en œuvre de traitements permettant de diminuer le risque de cécité. A l’inverse, la survenue de signes évoquant une maladie des yeux va favoriser le dépistage et la prise en charge d’une hypertension artérielle.
Pour obtenir plus de données obtenues à partir des enquêtes FLAHS réalisées depuis 2002 en France métropolitaine, écoutez les podcasts « les voix de l’hypertension ».

Rendez-vous à la rubrique Enquêtes FLAHS.

 

L’INVITÉ : Dr Romain Boulestreau, Cardiologue, Centre d’excellence européen en hypertension artérielle, Bordeaux

Troubles de la vision et hypertension maligne

écouter le podcast

diapositive 4

Quelles sont les relations entre l’HTA maligne et les troubles de la vision ?

L’HTA maligne est la forme d’hypertension la plus sévère, celle qui autrefois était à l’origine du décès rapide des hypertendus à l’époque où il n’y avait pas de traitements antihypertenseurs.

L’HTA maligne est la conséquence d’une atteinte des petits vaisseaux à l’origine d’occlusions et de saignements des artérioles du cerveau, des reins, du cœur mais aussi de la rétine.

Le diagnostic d’HTA maligne comporte la présence d’une rétinopathie hypertensive sévère associée à des chiffres très élevés de la pression artérielle.

Dans la cohorte française prospective et multidisciplinaire sur l’HTA maligne que je coordonne, la cohorte HAMA, il a été montré que les patients qui sont hospitalisés pour HTA maligne présentent des troubles visuelsvariés : parfois seulement des phosphènes (des mouches devant les yeux), un flou visuel, au maximum une cécité d’apparition rapide. Ces signes sont en lien avec la présence d’une rétinopathie hypertensive très sévère (un œdème papillaire bilatéral) ou moins sévère (des hémorragies et des thromboses). Ces anomalies sont visibles à l’examen du fond d’œil qui s’impose pour affirmer le diagnostic d’HTA maligne lorsque des chiffres de tension très élevés sont notés.
Mais attention car les troubles visuels ne sont pas systématiques et il ne faut pas les attendre pour porter le diagnostic d’HTA maligne. A l’inverse, les patients ont parfois des troubles visuels pour d’autres raisons, et la présence de signe de rétinopathie hypertensive est nécessaire pour retenir le diagnostic d’HTA maligne.

Quel examen réaliser en cas d’hypertension maligne ?

L’HTA maligne est une maladie sous-diagnostiquée car, comme elle est rare, elle a été presque oubliée par les patients et les médecins.

Pour dépister l’HTA maligne, il faut systématiquement effectuer un bilan ophtalmologique et une biologie chez tous les patients qui ont des chiffres de tension très élevés (plus de 180/110 mm de mercure) de façon inhabituelle et persistante malgré un repos de plusieurs minutes. L’absence de signe neurologique, cardiologique ou rénal ne doit pas faire éliminer le diagnostic. Dans ces circonstances, il faut systématiquement réaliser un examen ophtalmologique comportant au minimum un «fond d’œil» et rechercher des signes de rétinopathie hypertensive sévère qui confirmeront le diagnostic d’HTA maligne.

Une fois le diagnostic porté, notre conseil est de faire une IRM cérébrale systématiquement chez ces patients car le PRES (le syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible) est une anomalie des lobes occipitaux qui peut entraîner une cécité dite corticale, même en l’absence de rétinopathie. La bonne nouvelle est que le traitement de l’hypertension artérielle permet le retour à une vue normale en quelques jours.

 

L’INFO RECHERCHE

Il faut dépister une hypertension artérielle chez les patients atteints d’un glaucome.

 

diapositive1

Auteur : Dr MC Wimart, vice-présidente du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle

Le glaucome a pour cause principale l’augmentation de la pression des liquides de l’intérieur de l’œil (appelée pression intra-oculaire). Cette anomalie peut perturber le fonctionnement du nerf optique ce qui provoque l’anomalie de la vision. Cette maladie des yeux qui est le plus souvent silencieuse est aujourd’hui la première cause de cécité dans le monde. Des études épidémiologiques ont récemment indiqué que, chez certains sujets, le glaucome pouvait s’aggraver du fait des changements de la pression artérielle.

Des ophtalmologistes de l’Université d’Edinbourg en Ecosse ont étudié les relations entre la pression intra-oculaire et le niveau de la pression artérielle chez 45 patients avec un glaucome sans élévation de la pression intraoculaire et chez 10 sujets sans glaucome. Aucun sujet n’était traité par des médicaments antihypertenseurs.

Tous les sujets ont bénéficié d’un bilan ophtalmologique très sophistiqué avec une surveillance à domicile pendant 48 heures de leur pression intra-oculaire mais aussi de leur pression artérielle par Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle (appelée MAPA).

Chez tous les sujets, Il a été observé, pendant le sommeil, une diminution de la pression intra-oculaire et de la pression artérielle.

Le principal résultat de cette étude est que 35% des patients avec un glaucome ont une hypertension artérielle qui n’était pas diagnostiquée.

De plus, il a été noté qu’un pic de tension le matin était plus fréquemment observé chez les patients ayant un glaucome avec pression intra-oculaire normale.

En revanche il n’est pas retrouvé dans cette étude que les patients ayant une pression basse pendant le sommeil ont une aggravation de leur glaucome. Le petit nombre des patients étudiés et l’exclusion des sujets sous un traitement antihypertenseur pourrait expliquer le résultat inattendu de cette étude.

En conclusion, il faut chercher à dépister une hypertension artérielle chez les patients atteints d’un glaucome. De plus, évaluer la tension pendant le sommeil apparait important chez les sujets avec un glaucome et la réalisation d’un examen par Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle est actuellement le seul moyen d’obtenir le niveau de la pression artérielle pendant le sommeil.

Lire le résumé en anglais de cette publication

 

Pour s’informer différemment :

Écouter Les Voix de l’Hypertension

Regarder la chaîne Hypertension France

Les mini-séries de la Fondation