On a trop souvent entendu que les femmes étaient protégées des maladies cardiovasculaires et de l’hypertension artérielle en particulier. On sait à présent que cette notion est dépassée avec l’adoption par les femmes de certains comportements de vie (sédentarité, obésité, stress au travail, précarité, tabagisme) favorisant l’apparition de plus en plus précoce de l’hypertension artérielle : au cours des dix dernières années, c’est chez les femmes trentenaires que la fréquence du surpoids et de l’obésité a le plus augmenté. D’autre part, l’hypertension artérielle peut survenir à certaines étapes clés de la vie d’une femme (contraception, grossesse, ménopause) rendant ainsi sa prise en charge particulière et parfois complexe.
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle chez les femmes après 70 ans ?
Pour aller plus loin
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Cette brochure co-éditée avec le Comité de Lutte Contre l’HTA a pour vocation de sensibiliser le grand public, et en particulier les femmes, sur l’importance de s’intéresser très précocement à leurs chiffres tensionnels et de comprendre comment prévenir et lutter de manière efficace contre l’hypertension artérielle.
Pr Claire Mounier-Vehier : femmes et tension
Les symptômes de l’infarctus du myocarde chez la femme jeune
La prescription d’une pilule contraceptive est bien souvent la première occasion pour une jeune femme d’être confrontée aux facteurs du risque cardiovasculaire en général, et à l’hypertension artérielle en particulier. En effet, la mesure de la pression artérielle, du taux de cholestérol, la quantification de la consommation tabagique sont autant d’éléments indispensables pour guider la prescription d’une contraception.
Les hormones contenues dans les pilules contraceptives peuvent parfois stimuler des mécanismes impliqués dans la régulation de la pression artérielle et peuvent provoquer une élévation parfois importante de la pression artérielle. C’est pour ces raisons que les médecins prennent le soin de contrôler la pression artérielle lors des consultations de renouvellement de pilule.
La prescription d’une contraception orale reste néanmoins possible chez une femme hypertendue bien contrôlée, sous couvert d’une surveillance attentive de la pression artérielle.
En cas de découverte d’HTA chez une femme sous pilule, l’arrêt de cette dernière permet le plus souvent un retour à la normale en quelques semaines.
Parfois, un bilan plus poussé pourra se justifier afin d’éliminer d’autres causes hormonales d’HTA chez ces femmes jeunes, en particulier si la pression artérielle restait élevée à l’arrêt de la contraception.
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La pression artérielle baisse naturellement au cours de la grossesse. Toutefois, L’HTA est la maladie la plus fréquemment rencontrée chez les femmes enceintes, touchant environ 10 % des grossesses.
Il convient de bien séparer deux situations distinctes : la survenue d’une grossesse chez une femme hypertendue traitée et l’apparition d’une HTA pendant la grossesse.
Cette situation, rare il y a une vingtaine d’années, devient courante aujourd’hui.
Les grossesses surviennent de plus en plus tardivement chez les femmes et l’augmentation constante du surpoids et de l’obésité chez les jeunes adultes font que de plus en plus de femmes hypertendues débutent une grossesse. Si l’hypertension traitée ne représente pas une contre-indication à être enceinte, cette situation nécessite quelques précautions particulières, avant, pendant et après la grossesse.
Avant : Programmer si possible la grossesse
Prévoir la période de grossesse permet, en coordination avec son médecin, de vérifier que le traitement médicamenteux de l’HTA est compatible avec le développement du bébé. En effet, la majorité des traitements modernes de l’HTA sont déconseillés voire contre-indiqués en cas de grossesse et il faudra le plus souvent modifier l’ordonnance de la femme hypertendue au cours de cette période.
Planifier cet heureux évènement est aussi une motivation pour adopter une hygiène de vie plus favorable : arrêter de fumer, perdre quelques kilos en excès…
Pas d’affolement si une grossesse débute sous traitement !
Il faudra consulter votre médecin dès que possible pour qu’il tienne compte de cette situation pour adapter votre traitement et organiser le suivi.
Pendant : Éviter de prendre trop de poids
Une femme hypertendue aura le plus souvent une grossesse normale.
Une surveillance plus fréquente de la pression artérielle sera préconisée.
Ces mesures pourront être faites à la maison (automesure tensionnelle) très simplement selon des règles précises.
Ceci permettra de détecter précocement une éventuelle élévation de la pression artérielle et d’éviter une complication plus sérieuse : l’éclampsie (voir encadré).
Garder un œil sur la balance permettra de limiter les complications de la grossesse et surtout le surpoids qu’il sera nécessaire de perdre après l’accouchement.
Après : Précautions par rapport à l’allaitement
Après l’accouchement, votre médecin réévaluera votre niveau tensionnel et reprendra tout ou une partie de votre traitement habituel, sauf en cas d’allaitement. En effet, certains médicaments passent dans le lait maternel et devront être exclus durant cette période.
C’est l’apparition chez une femme qui avait une pression artérielle normale, de chiffres supérieurs à 140/90 mmHg.
Appelée aussi HTA gravidique, elle touche 5 à 10 % des grossesses, et le plus souvent après le 4e mois. Dans la majorité des cas, la pression artérielle redevient normale après l’accouchement.
Néanmoins, une surveillance et des conseils spécifiques seront prodigués afin d’éviter la survenue de complications plus sérieuses pour la mère et pour l’enfant, la pré éclampsie. Un traitement médicamenteux sera parfois prescrit, en fonction de la sévérité des chiffres de la pression artérielle.
On sait à présent que les femmes ayant souffert d’HTA gravidique sont plus à risque de devenir hypertendues dans quelques années. Cette alerte doit donc être l’occasion d’adopter une hygiène de vie propice à retarder l’apparition de cette maladie :
La pré éclampsie et l’éclampsie : les complications redoutées
La pré éclampsie, ou toxémie gravidique, touche 5 % des femmes enceintes, classiquement au dernier trimestre de grossesse, et associe une HTA, une protéinurie (présence d’albumine dans les urines), des anomalies biologiques comme l’élévation de l’acide urique (uricémie), une baisse du taux de plaquettes (thrombopénie) et un retard de croissance du fœtus.
En l’absence de traitement, une évolution se fait vers l’éclampsie.
L’éclampsie correspond à la survenue de convulsions et/ou de troubles de la conscience. Elle est responsable en France de 2,2 % des morts maternelles.
Les facteurs de risque sont le jeune âge et le manque de surveillance prénatale.
L’interruption de la grossesse avec extraction de l’enfant, associée à un traitement général en milieu spécialisé, aura pour objectif d’éviter la mort du fœtus et de la mère.
C’est la forme la plus habituelle d’HTA. C’est en effet à cette période que la fréquence de survenue de l’HTA chez les femmes rejoint celle observée dans la population masculine en raison de la perte de l’effet protecteur des œstrogènes naturels.
L’HTA de la femme ménopausée possède le même risque de provoquer des maladies cardiovasculaires graves que chez les hommes. Cette hypertension se caractérise fréquemment par une élévation isolée de la pression systolique (maxima) au-delà de 140 mmHg, alors que la pression diastolique reste normale (inférieure à 90 mmHg). La normalité de la pression diastolique ne doit pas rassurer et nous savons depuis 30 ans que cette forme d’HTA est aussi préoccupante que celle qui associe une élévation combinée de la pression systolique et diastolique.
Les traitements antihypertenseurs qui seront prescrits ont démontré leur grand intérêt pour prévenir la survenue des complications les plus craintes de l’HTA :
Les cancérologues spécialistes du sein rassurent les patientes sur la totale innocuité de la prise de la tension sur le bras du côté où a été pratiqué la mastectomie/tumorectomie, avec ou sans curage ganglionnaire.
Pour les femmes qui ont tout de même cette crainte, il est possible d’utiliser un tensiomètre automatique de poignet en prenant garde de faire croiser les bras pendant la mesure pour éviter les erreurs de mesure.
Comment mesurer la tension après un cancer du sein ?
La réponse du Pr Girerd, Président de la Fondation de Recherche sur l’HTA :
Une enquête du Comité de Lutte Contre l’HTA et Kantar Health France
Le CFLHTA a réalisé en 2011 une enquête, avec la collaboration de Kantar Health France, sur un échantillon représentatif de la population féminine adulte en FRANCE métropolitaine afin d’évaluer la prévalence de l’HTA et son impact en fonction des différentes périodes de la vie d’une femme, il en résulte que :
Traiter son hypertension, c’est associer un traitement médicamenteux et la mise en place de règles d’hygiène de vie. Celles-ci sont aussi importantes que les médicaments.
Votre médecin vous incitera à manger moins salé, à perdre quelques kilos si vous êtes en surpoids, et à exercer ou reprendre une activité physique.
Ces conseils seront également bénéfiques pour votre entourage familial.
Informer vos proches de votre état de santé doit rester une décision individuelle.
Dans le cadre de l’hypertension, cette information peut s’avérer utile pour eux.
Pour aller plus loin :
Toutes les pilules sont contre-indiquées quand on est hypertendue. FAUX
L’existence d’une hypertension équilibrée autorise la prescription de certaines pilules.
On peut allaiter quand on prend un traitement anti-hypertenseur. VRAI
Certains médicaments peuvent être poursuivis en cas d’allaitement car ils sont sans danger pour le bébé. Votre médecin vous confirmera les médicaments qui sont sans risque.
Il y a des médicaments anti-hypertenseurs spécialement développés pour les femmes. FAUX
Il n’existe pas de traitements anti-hypertenseurs spécifiquement dédiés aux femmes, ou aux hommes d’ailleurs.
Les femmes hypertendues sont mieux contrôlées par le traitement que les hommes. VRAI
En France, 60 % des femmes traitées pour HTA sont équilibrées alors que seuls 40 % des hommes le sont.
Lorsque l’on est hypertendue, on a plus de risque que nos enfants le soient. VRAI
Il existe une prédisposition génétique à l’HTA. Les enfants d’hypertendus ont deux fois plus de risque de développer une HTA que les enfants de parents indemnes d’HTA.