Médicaments contre l'hypertension - Fondation HTA

les médicaments contre l’hypertension artérielle

 

women hands taking medicine from a pill box

Quels sont les médicaments pour soigner l’hypertension artérielle ?

Les médicaments pour soigner l’hypertension artérielle sont très nombreux

On a plus de 150 médicaments différents disponibles en France. Ces médicaments : pourquoi sont-ils si nombreux ? Et bien parce qu’ils sont très anciens, ça fait plus de 60 ans qu’on dispose de médicaments pour soigner l’hypertension.

Et il y a une particularité : c’est que les médicaments qu’on utilisait il y a 60 ans, on les utilise toujours maintenant. C’était les médicaments dits « diurétiques« . Alors on les utilise les diurétiques – ils sont bien connus du grand public ces médicaments, ils font faire pipi ! Alors oui, il y a des diurétiques qui font faire pipi mais les médicaments de l’hypertension artérielle ne font pas particulièrement faire pipi. Ils font partie de cette famille de médicaments qu’on appelle les diurétiques parce qu’ils ont un mode d’action lié à une action au niveau des reins mais ils ne font plus, ils n’ont plus cet effet indésirable qui est celui de pouvoir faire faire pipi fréquemment. Alors ils ont un effet qui est en fait perçu comme un effet favorable par beaucoup de gens : c’est que ça fait perdre dans la première semaine 1 à 2 kg. Alors les femmes aiment beaucoup perdre 1 à 2 kilos, elles pensent que c’est grâce à leurs efforts de régime. Pas du tout, c’est parce que le traitement dit diurétique thiazidique utilisé pour soigner l’hypertension ça fait perdre 2 kg. Et d’ailleurs quand on arrête ce traitement, on reprend les 2 kilos instantanément.

La deuxième grande catégorie de médicaments utilisés s’appelle les antagonistes du calcium. C’est des médicaments qui ont été révolutionnaires parce que ils marchent chez tous les patients. Chez tous les patients, ils ont un défaut c’est qu’ils peuvent provoquer des effets indésirables qui sont pas bien graves mais qui peuvent être gênants chez 20% des gens : parfois mal à la tête, parfois des bouffées de chaleur, ou parfois des gonflements des jambes, ce qu’on appelle des oedèmes des membres inférieurs, du coup on est obligé de les arrêter.

Et puis il y a eu une série de médicaments très utilisés : les bêtabloquants. Les bêtabloquants c’est des médicaments qui agissent sur le coeur, qui ralentissent la fréquence du coeur, qui sont les médicaments adorés par les cardiologues parce que ces médicaments sont extrêmement efficaces pour soigner beaucoup de maladies cardiologiques, et dont l’hypertension artérielle. C’est des médicaments très utilisés, très efficaces et qui se retrouvent très fréquemment sur les ordonnances des patients hypertendus.

Et puis enfin on a deux autres catégories de médicaments qui s’appellent les bloqueurs du système rénine-angiotensine, c’est un nom un peu barbare. Pour les reconnaître : ces médicaments se terminent soit par -pril soit par -sartan. Ces médicaments sont assez proches les uns des autres, très efficaces, très bien tolérés, mais il y en a un qui est mieux toléré que l’autre, c’est les -sartan. Les -sartan sont mieux tolérés que les médicaments en -pril, c’est pour cela que beaucoup de médecins en France prescrivent ces médicaments-là.

Il faut enfin dire que tous les médicaments en France son génériqués. Génériqué, ça veut dire que leur coût unitaire est très faible mais leur qualité est très bonne. C’est pas parce qu’un médicament est génériqué qu’il est de moins bonne qualité. En France en tout cas, les médicaments génériques sont aussi efficaces que les médicaments de marque. Leur avantage est qu’ils sont moins chers et l’Assurance Maladie en France préconise les médicaments les moins chers pour faire des économies. Alors ça peut choquer les uns ou les autres, mais quoi qu’il en soit il faut savoir qu’un médicament antihypertenseur en France c’est souvent un médicament générique et c’est un médicament d’excellente efficacité, d’excellente qualité.

Les bêta-bloquants

Pr Xavier Girerd : Il y a un sujet qui sont les bêta-bloquants. Dans ma pratique, je vois encore des ordonnances avec – pour l’hypertension –  le propranolol. Qu’en pensez-vous ?

Atul Pathak : Alors effectivement ce bêta-bloquant, comme d’autres, fait partie des bêta-bloquants qu’on doit proscrire dans l’hypertension artérielle. Il y a les bons bêta-bloquants pour l’hypertension artérielle et les mauvais bêta-bloquants.

X. G. : Dans un autre, c’est l’aténolol ?

A. P. : Tout à fait, l’aténolol par exemple, c’est un très mauvais médicament pour l’hypertension artérielle. D’ailleurs à chaque fois qu’on a fait des essais, on s’est comparé à l’aténolol. L’aténolol a perdu le match.

X. G. : Mais ça fait quand même baisser la pression artérielle ?

A. P. : Ça fait baisser la pression artérielle.

X. G. : Et pourquoi d’ailleurs les bêta-bloquants font baisser la pression artérielle ?

A. P. : Alors on pensait autrefois à tort que c’était lié à la bradycardie mais en fait les bêta-bloquants  de rénine, ils diminuent la sécrétion centrale de catécholamines. Ils modifient la régulation de l’activité du baroréflexe.

X. G. : Et le nébivolol par exemple a des propriétés vasodilatatrices. Vous confirmez ?

A. P. : Tout à fait, il y a dans la famille des bêta-bloquants les traditionnels (les cardiosélectifs), les non traditionnels (les non cardiosélectifs) et puis il y a ce que j’appelle les bêta-bloquants de nouvelle génération : le nébivolol avec ses propriétés latérales sur XXX.

X. G. : Les bêtabloquants étaient sortis des recommandations et en 2023 la recommandation européenne les a remis. Pour quelles raisons ?

A. P. : Alors pour trois raisons. D’abord parce que tout était basé sur ses essais avec l’aténolol. Et si on met de côté l’aténolol, il y a de bons bêta-bloquants dans l’hypertension artérielle. Deuxièmement, il y a des situations cliniques où les bêtabloquants sont indispensables, ce qu’on appelle les indications électives, plutôt cardiologiques, les hypertendus en FA, les hypertendus avec une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite ou les hypertendus coronariens. Et puis les bêtabloquants ont une base naturelle, dans certaines situations, je pense à l’hyperthyroïdie, je pense à la migraine, où il y a des hypertendus, et donc ces trois grands groupes de patients justifient le recours aux bêtabloquants.

X. G. : Je me suis demandé si, finalement, les rédacteurs des recommandations n’avaient pas tenu compte de la pratique de terrain, parce que dans la pratique, moi je connais des chiffres pour la France avec les enquêtes FLAHS : 32 % des ordonnances des hypertendus comportent un bêta-bloquant, donc ça prouve que les médecins en sont contents ?

A. P. : Ils en sont contents mais ils ne prescrivent pas nécessairement les bons bêta-bloquants. Donc moi je crois que ça c’est un message. Oui au nébivolol, oui au bisoprolol, oui à des bêtabloquants avec des propriétés latérales, par exemple labétalol dans l’hypertension artérielle de la femme enceinte, mais non au bêta-bloquant de type aténolol.

X. G. : Ou au métoprolol combiné par exemple à la félodipine ?

A. P. : Tout à fait, c’est une très bonne combinaison avec un bêtabloquant.

Quels sont les bénéfices des médicaments antihypertenseurs ?

Les bénéfices des traitements antihypertenseurs sont démontrés depuis plus de 40 ans.

Ca a été une révolution dans la médecine. C’est de la démonstration très validée sur le plan scientifique avec ce que l’on appelle des essais randomisés, contre placebo, très haut niveau de preuves du bénéfice pour prévenir les complications des hypertendus. C’est-à-dire que quelqu’un qui prend un traitement médicamenteux, c’est quelqu’un qui verra diminuer son risque de faire un accident vasculaire cérébral de 50% après seulement une année du traitement. 50%, une année traitement c’est énorme comme bénéfice ! Mais c’est aussi diminuer le risque de faire une insuffisance cardiaque avec une très grande probabilité : près de 50% aussi chez les patients les plus âgés.

Concernant d’autres maladies : les maladies rénales sont prévenues aussi, on a moins de maladies rénales. En un mot : il y a un bénéfice énorme à avoir un traitement et un traitement qui malheureusement doit être pris tous les jours, qui malheureusement ne doit pas être arrêté, même si la tension est redevenue normale, parce que ce bénéfice il est lié à l’efficacité qu’ont ces médicaments de rendre la tension normale.

Donc l’hypertension c’est pas une maladie qu’on guérit, c’est une maladie qu’on soigne et si on arrête de prendre les médicaments, le bénéfice disparaît très rapidement. Au bout de quelques mois on a à nouveau un risque de faire l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance cardiaque, les maladies rénales et tutti quanti. Donc ce bénéfice des médicaments, il est là.

Et soit dit en passant : l’alimentation n’a jamais démontré de bénéfices. Une meilleure alimentation, une meilleure activité physique n’ont jamais démontré une diminution de 50% d’accident vasculaire cérébral. Ce ne sont que les médicaments qui l’ont démontrée.

Lorsqu’on prend un traitement, est-on encore hypertendu ?

L’hypertension n’est pas une maladie que l’on guérit, c’est une maladie que l’on soigne. Si l’on arrête de prendre les médicaments, le bénéfice disparaît très rapidement.

 

Les bénéfices des traitements des traitements médicamenteux antihypertenseurs sont démontrés depuis plus de 40 ans, ça a été une révolution dans la médecine. C’est de la démonstration très validée sur le plan scientifique avec ce que l’on appelle des essais randomisés, contre placebo, très haut niveau de preuves du bénéfice pour prévenir les complications des hypertendus. C’est-à-dire que quelqu’un qui prend un traitement médicamenteux, c’est quelqu’un qui verra diminuer son risque de faire un accident vasculaire cérébral de 50% après seulement une année du traitement. 50%, une année traitement c’est énorme comme bénéfice !

Mais c’est aussi diminuer le risque de faire une insuffisance cardiaque avec une très grande probabilité : près de 50% aussi chez les patients les plus âgés. Concernant d’autres maladies : les maladies rénales sont prévenues aussi, on a moins de maladies rénales.

En un mot : il y a un bénéfice énorme à avoir un traitement et un traitement qui malheureusement doit être pris tous les jours, qui malheureusement ne doit pas être arrêté, même si la tension est redevenue normale, parce que ce bénéfice il est lié à l’efficacité qu’ont ces médicaments de rendre la tension normale. Donc l’hypertension c’est pas une maladie qu’on guérit, c’est une maladie qu’on soigne et si on arrête de prendre les médicaments, le bénéfice disparaît très rapidement. Au bout de quelques mois on a à nouveau un risque de faire l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance cardiaque, les maladies rénales et tutti quanti. Donc ce bénéfice des médicaments, il est là.

Et soit dit en passant : l’alimentation n’a jamais démontré de bénéfices. Une meilleure alimentation, une meilleure activité physique n’ont jamais démontré une diminution de 50% d’accident vasculaire cérébral. Ce ne sont que les médicaments qui l’ont démontrée.

Le traitement contre l’hypertension artérielle est-il contraignant ?

On sait soigner l’hypertension, mais on ne sait pas la guérir, et pour la soigner il faut prendre son traitement le plus régulièrement possible, c’est-à-dire une fois par jour

C’est une question que se posent très souvent les patients à la consultation et qu’ils vont poser à leur médecin. Alors j’ai l’habitude maintenant de répondre que les traitements de l’hypertension artérielle par des médicaments peuvent être perçus comme contraignants mais ils sont beaucoup moins contraignants de nos jours qu’ils ne l’étaient il y a 50 ans, parce que nous avons beaucoup progressé dans la façon d’utiliser les médicaments. Il y a 50 ans les médicaments contre l’hypertension, il fallait les prendre trois fois par jour, il y avait souvent six comprimés à prendre. Aujourd’hui, 80 % des patients qui sont traités contre l’hypertension artérielle par les médicaments prennent 1 à 2 comprimés par jour. Voilà : 80%. Et ces comprimés sont pris une fois par jour. Une fois par jour le matin. Il vaut mieux prendre les médicaments le matin que le soir car on les oublie moins souvent le matin que le soir. C’est une chose à savoir : il ne faut jamais prescrire ou se laisser prescrire un médicament à midi quand on est en activité professionnelle parce que le médicament à midi : on l’oublie toujours, on ne l’emporte pas. On ne montre pas à la cantine à ses collègues de bureau que l’on prend un traitement pour soigner l’hypertension. L’hypertension artérielle c’est son secret, c’est pas la peine que les gens sachent que l’on prend un traitement antihypertenseur et aujourd’hui c’est possible. Donc la contrainte aujourd’hui n’est pas liée au médicament.

Elle n’est pas liée non plus à ce que l’on appelle la tolérance des médicaments, c’est-à-dire leur fréquence d’effets indésirables et d’effets secondaires. Les médicaments de l’hypertension artérielle ont très peu d’effets secondaires et les derniers médicaments disponibles (ils ont plus de 20 ans) mis à disposition ont une fréquence d’effets secondaires équivalente aux médicaments dits « placebo ». Le médicament placebo c’est un médicament qui ne contient pas de principes pharmacologiques, mais il faut savoir que quand les gens prennent un comprimé, il y a des gens : le seul fait de prendre le comprimé, même s’ils ont le comprimé où il y a du sucre, ça peut leur provoquer des effets indésirables. C’est ce qu’on appelle l’effet « nocebo » : on n’aime pas prendre les médicaments. Alors le traitement antihypertenseur ne provoque que très très peu d’effets indésirables et s’il y en a, on en change parce qu’on a beaucoup de médicaments pour soigner l’hypertension.

Et puis le dernier élément qui concerne les médicaments antihypertenseurs c’est que ces médicaments de l’hypertension, la contrainte qu’on peut avoir, c’est qu’il faut les prendre tous les jours, parce que si on ne les prend pas tous les jours : est ce que c’est une catastrophe ? Non, pas du tout. C’est pas du tout une catastrophe mais il faut quand même les prendre tous les jours parce que « ne pas le prendre un jour, c’est ne pas le prendre toujours », dit-on. C’est-à-dire que l’habitude qu’on a de le prendre tous les matins si on perd cette habitude-là, on se dit « je l’ai pas pris ».

Dans quelles circonstances en fait on n’en prend pas ? C’est quand on en a plus ! C’est quand il n’y en a plus dans la boîte. Et la contrainte du traitement antihypertenseur c’est qu’il faut aller chez le pharmacien pour aller chercher les médicaments. Les médicaments de l’hypertension on peut les délivrer en boîtes de 90 comprimés : ça dure trois mois, c’est un peu moins fréquent d’aller chez le pharmacien tous les trois mois que tous les mois mais tous les mois ça revient très vite donc ça c’est une vraie contrainte car nous n’avons pas aujourd’hui le moyen de guérir de l’hypertension artérielle.

On sait la soigner mais on ne sait pas la guérir et pour la soigner il faut prendre son traitement le plus régulièrement possible, c’est-à-dire une fois par jour, tous les jours du mois il faut prendre son traitement samedi et dimanche compris, pendant les vacances aussi, sinon la pression artérielle va remonter à l’arrêt du traitement.

 

Quelle est l’actualité des traitements de l’HTA ?

Les traitements de l’hypertension artérielle n’ont vu aucune innovation majeure depuis 15 ans concernant les moyens pharmacologiques. En revanche, la dénervation rénale apporte beaucoup d’intérêt pour la prise en charge de certaines formes d’hypertension artérielle.

Les traitements de l’hypertension artérielle n’ont vu aucune innovation majeure depuis 15 ans concernant les moyens pharmacologiques. En revanche, il existe des méthodes qui sont appelées non pharmacologiques ou interventionnelles qui ont apporté beaucoup d’intérêt pour la prise en charge de certaines formes d’hypertension artérielle.

La plus évaluée dans sa mise à disposition s’appelle la dénervation rénale.

Cette dénervation rénale consiste à entreprendre un geste de cathétérisme des artères rénales permettant de modifier le flux des nerfs sympathiques au niveau de la paroi de l’artère rénale.

Il est démontré aujourd’hui de façon certaine que l’on va pouvoir modifier la pression artérielle des patients ayant bénéficié de cet acte de cathétérisme interventionnel. Alors on n’est pas encore très au clair dans les indications de cette dénervation rénale : est-ce que c’est pour l’hypertension sévère et résistante ou est-ce que c’est pour l’hypertension au début de sa prise en charge, en alternative des médicaments antihypertenseurs ?

Les études se poursuivent et l’année 2022 verra très probablement des avancées importantes réglementaires, c’est-à-dire l’acceptation par les autorités sanitaires de différents pays dont la France de l’usage de cette dénervation rénale pour la prise en charge d’un certain nombre de situations compliquées ou au contraire très simplifiées de prise en charge de l’hypertension artérielle.

Témoignages :

Dans cette série de vidéos de moins de 60 secondes, des témoignages de patients et de pharmaciens :

Mon traitement, mon carburant

Guérir de l’hypertension : la dénervation rénale

Je n’aime pas les médicaments

Risques d’oubli des médicaments contre l’hypertension

Arrêt des traitements contre l’hypertension

J’ai arrêté le diurétique

J’ai arrêté mon traitement à cause d’effets secondaires !

Effets indésirables bénins des médicaments antihypertension

Femmes et effets indésirables des antihypertenseurs

Mon truc pour ne pas oublier mes médicaments

J’ai l’idée d’arrêter mes médicaments

Moi, mon pilulier, c’est ma femme

Les pharmacies réalisent des piluliers

Les médicaments cardiovasculaires que les patients prennent le moins

 

Pour aller plus loin :

Prise en charge des hypertendus : nouveautés

Nouveaux traitements de l’hypertension