Mesurer la tension : protocole en 2024

Comment mesurer la pression artérielle en 2024 ?

infos@tension – janvier 2024

 

Les conseils du Pr Xavier Girerd

Comment mesurer la pression artérielle en 2024 ?

Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation Hypertension

Lorsque l’on parle hypertension artérielle, la représentation du geste  de mesure de la pression artérielle devrait se faire avec l’image d’un tensiomètre automatique (celui utilisé pour l’automesure).

En effet, les recommandations nationales et internationales sur tous les continents indiquent l’usage préférentiel du tensiomètre automatique qui utilise la méthode oscillométrique et pas celui du brassard traditionnel à cadran avec un stéthoscope qui utilise la méthode auscultatoire.

Le tensiomètre automatique est le seul à pouvoir être utilisé par les patients avec simplicité et fiabilité. Cette méthode permet d’avoir recours à la télésurveillance de la tension pour le suivi des patients et de pratiquer la télémédecine.

En décembre 2023 à Paris, le Professeur Guiseppe Mancia, un expert international de l’hypertension artérielle, a donné une conférence sur les recommandations de la Société Européenne d’Hypertension (ESH 2023) concernant les méthodes de mesure de la pression artérielle.

Son premier message a confirmé qu’il ne fallait plus utiliser le tensiomètre traditionnel mais plutôt le tensiomètre automatique avec brassard sur le bras.

Son deuxième message a troublé certains médecins en France, car il a indiqué que lorsqu’un patient pratiquait l’automesure de la tension, il suffisait de réaliser chaque matin et chaque soir 2 mesures de suite et non pas 3 mesures de suite.

Son troisième message a indiqué que, lors du suivi des patients traités par anti-hypertenseurs, les chiffres de la tension devaient être à moins de 140 pour la pression systolique et à moins de 90 pour la pression diastolique. Ces chiffres étant ceux mesurés par le médecin au cours de la consultation et non pas ceux mesurés par le patient en automesure.

De nombreux spécialistes de l’hypertension ont été surpris car, au cours des dernières années, ce sont des chiffres à moins de 135 pour la pression systolique et à moins de 85 pour la pression diastolique qui étaient à atteindre en automesure, pour le suivi des hypertendus traités.

réaliser une automesure sur 3 jours

réaliser le test « Mesurer la tension »

 

La tension en chiffre

Mesurer la pression artérielle  2 fois de suite, avec un tensiomètre automatique, est suffisant pour caractériser la pression artérielle d’un patient et mettre en évidence un effet blouse blanche.

L’entrepôt des données de santé de la Fondation Hypertension contient 4172 dossiers médicaux de sujets âgés de 35 ans ayant été volontaires pour participer à des enquêtes nationales de santé menées en France entre 2015 et 2022 (French League Against Hypertension Survey).

La pression artérielle a été mesurée avec un tensiomètre automatique le matin en position assise avec 1 minute d’intervalle entre chaque mesure.

Chaque sujet a été catégorisé selon la pression artérielle systolique et diastolique de la mesure 2 et de la moyenne de la mesure 2 et 3. Le sujet était H si la SBP > 140 ou la DBP > 90. Le sujet était N si la SBP était <= 130 ou la DBP <= 90. La concordance dans les classifications entre la mesure 2 et la moyenne de la mesure 2 et 3 a été réalisée pour chaque sujet.

Les résultats indiquent que :

  • la concordance entre la mesure 2 et la moyenne des mesures 2 et 3 est pour les sujets avec une tension normale (SYS <= 130 ou DIA <= 90)
    • de 92,3% pour la SYS et de 94% pour la DIA.
  • la concordance entre la mesure 2 et la moyenne des mesures 2 et 3 est pour les sujets avec une hypertension de consultation (SYS > 140 ou DIA > 90).
    • de 98% pour la SYS et de 95% pour la DIA.
  • lorsqu’un Effet Blouse Blanche est noté sur la Systolique (plus de 10 mmHg de baisse entre la mesure 1 et la mesure 3), l’effet blouse blanche est déjà observé entre la mesure 1 et la mesure 2 chez 97% des sujets.

En conclusion, avec un tensiomètre automatique, il est suffisant de mesurer 2 fois de suite la pression artérielle pour « catégoriser » un patient comme ayant une tension « normale » ou ayant une « hypertension de consultation » ou ayant un Effet « Blouse Blanche ».

l’effet blouse blanche

 

La sélection des avis et guidelines

par le Dr Marie-Catherine Wimart

 

Les vidéos « Hypertension France »

Quel tensiomètre choisir aujourd’hui ?

Durée 2’35

Pour mesurer la tension, appelée pression artérielle par les médecins, il faut un tensiomètre. Mais comment choisir un tensiomètre ?

Je vous montre ici le tensiomètre traditionnel, le tensiomètre dit de Vaquez-Laubry qui est en était l’inventeur il y a plus de 100 ans. Ces tensiomètres sont beaux, ils peuvent être en or, ils ont la fameuse poire très populaire auprès des patients et de beaucoup de médecins, mais complètement périmés !

En fait aujourd’hui, il faut un tensiomètre automatique. Comment choisir un tensiomètre automatique ? Je vous ai mis là les mes trois préférés : il y a une marque française (le même constructeur que ce fameux tensiomètre là) et puis il y a une marque japonaise, une marque allemande. Ils n’ont pas la même taille, pas la même forme, ils ne sont pas connectés (ça sert pas à grand-chose la connexion).

Qu’est-ce qui fait la différence entre ces trois tensiomètres dits automatiques ? C’est le brassard, cette poche bien connue des patients qu’on met autour du bras. Cette poche contient à l’intérieur le fameux capteur qui va permettre la mesure de la pression artérielle par l’appareil automatique.

Comment différencier ces brassards qui, en fait, sont tous différents selon le tensiomètre ? C’est d’abord la taille. 22-36 c’est habituellement la taille qui va permettre la mesure avec une très bonne fiabilité chez les patients qui ont un bras de taille normale, de taille standard. Pourquoi ces brassards sont un peu différents ? Parce que vous le voyez : 22-42, c’est marqué dessus, ce sont des brassards adaptés aux gens qui ont un bras fort. Et pour ce bras qui est de taille plus forte que la taille standard, il est indispensable d’avoir un tensiomètre qui a cette taille de brassard si on a un bras un peu plus gros que la moyenne des gens.

Mesurer la tension : protocole en 2024

Durée 3’42

Le document « Mesurer la tension » proposé par la Fondation Hypertension et le Comité de Lutte contre l’Hypertension, permet de vous aider à effectuer cette mesure de la tension tout seul, au moins une fois par an.

Le protocole est simple, c’est le protocole international : il faut être en position assise, sans croiser les jambes, ni parler, il faut ne pas avoir fumé 30 minutes avant ni pendant les mesures et il faut réaliser (ce point est très important) : une, deux ou trois mesures.

Pourquoi en mesurer une, deux ou trois ? En tout cas, il faut pas dépasser une minute entre chaque mesure, ça sert à rien d’attendre longtemps. Il faut appuyer sur le bouton du tensiomètre puis, quand on a reporté les chiffres de la tension, on redéclenche la mesure 2.

Est-ce que tout le monde a besoin de faire trois mesures ? En fait non, pas tout le monde : uniquement ceux dont la première mesure est supérieure à 141 pour la première ligne, dite SYS, ou supérieure à 91 pour la deuxième ligne, DIA. La valeur PULSE  n’a aucune importance, c’est pas la fréquence cardiaque qui est associée à la pression artérielle, c’est la valeur SYS et la valeur DIA.

Si la valeur SYS et la valeur DIA sont à moins de 140 ou à moins de 90 et bien vous pouvez toujours mesurer deux fois de plus la pression artérielle mais en fait votre tension est déjà satisfaisante et il faudra surtout renouveler la mesure de pression artérielle au moins tous les ans car « tension normale un jour ne veut pas dire une pression artérielle normale toujours », on peut devenir hypertendu alors qu’on n’a jamais eu de chiffre élevé de la tension avant.

Si on réalise trois mesures parce que la première mesure était supérieure à 141 ou 91 pour la SYS et la DIA respectivement, et bien la troisième mesure c’est celle finalement sur laquelle on va pouvoir considérer qu’il y a éventuellement une hypertension. Ce n’est jamais la première mesure parce qu’il peut y avoir le fameux « effet blouse blanche » qui conduit à observer une différence entre la 1ère, la 2e et la 3e.

Alors la 2e est plus basse que la première, la 2e et la 3e sont souvent identiques ou très proches l’une de l’autre. La 3e mesure, si elle est supérieure à 141 pour la SYS ou 91 pour la DIA : il va falloir confirmer l’hypertension. Il y a une suspicion, il n’y a pas de certitude. Pour cela, il faut réaliser le protocole dit d’automesure sur 3 jours en appliquant la règle des 3.

Vous pouvez lire les documents publiés par les sociétés savantes ou vous pouvez aussi, pour vous aider, télécharger l’application suiviHTA qui est gratuite et qui est sur tous les stores et qui vous permettra d’obtenir un conseil personnalisé pour chaque mesure tensionnelle.

Voilà si la 3e mesure est à moins de 140  : votre tension est satisfaisante et vous n’aurez pas à réaliser une automesure de la pression artérielle sur 3 jours.

Les conseils pour bien choisir un tensiomètre

Abonnez-vous à infos@tension

Archives