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Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle
Depuis quelques années parler à son médecin de difficultés dans sa vie sexuelle n’est plus un tabou.
Cette évolution a été utile car de nombreuses idées fausses circulent concernant les effets de l’hypertension artérielle sur la sexualité.
Mon premier conseil est d’indiquer au patient de faire de la consultation au cours de laquelle il souhaite parler des troubles de sa vie sexuelle une consultation dédiée.
J’ai souvent observé que ce n’était qu’à la fin d’une consultation pour un autre sujet que les patients osaient un « j’ai encore à vous dire ». C’est dès le début de la consultation que le patient devrait oser : « j’ai d’abord à vous dire » !
Mon deuxième conseil est d’analyser avec précision dans les semaines qui précédent la consultation, ce qui s’est modifié dans la sexualité. En effet, les actions thérapeutiques ne seront pas les même s’il s’agit d’un changement dans le désir ou s’il s’agit d’un trouble persistant de l’érection ou d’une panne passagère.
Mon troisième conseil est de ne pas croire tout ce qui se dit et s’écrit depuis 50 ans sur les effets néfastes des médicaments antihypertenseurs. Beaucoup de données récentes sont venues contredire les observations faites à d’autres époques qui utilisaient d’autres médicaments, à d’autres dosages.
Enfin, l’âge étant un facteur agissant « en même temps » sur la pression artérielle et sur la sexualité, il est normal de constater chez un même sujet des troubles apparaissant de façon concomitante sans pour autant que l’un soit la conséquence de l’autre.
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Auteur : Dr MC Wimart, vice-présidente du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
La sexualité chez les hypertendus âgés de plus de 60 ans est rarement évaluée dans les études médicales.
Pourtant, l’hypertension artérielle est une maladie qui concerne surtout la population des seniors. En France, 80 % des hypertendus traités sont âgés de 55 ans et plus.
Aux USA, l’étude SPRINT menée après 2010 a confirmé l’efficacité de l’usage des médicaments antihypertenseurs utilisés en association chez des hypertendus dont l’âge était, en moyenne, de 68 ans. Cette étude menée chez près de 2000 patients a proposé un questionnaire sur « la vie sexuelle » qui a été rempli par seulement 20 % des sujets.
Le premier résultat est que chez les répondants : 68 % des hommes et 29 % des femmes déclarent avoir une activité sexuelle au cours du suivi de l’étude.
Le deuxième résultat concerne la déclaration par les hommes de troubles de l’érection qui perturbent leur vie sexuelle avec une fréquence qui augmente avec l’âge du patient. Contrairement aux idées reçues, les troubles de l’érection sont observés de façon indépendante de la nature pharmacologique du traitement antihypertenseur ou de l’augmentation du nombre des médicaments antihypertenseurs pris au quotidien. En revanche, l’âge qui augmente est le principal facteur associé au signalement d’un trouble de l’érection.
Le troisième résultat concerne la sexualité des femmes. Leur « satisfaction sexuelle » a été déclarée comme faible, mais le suivi de traitements antihypertenseurs n’a pas eu d’influence sur la qualité de la vie sexuelle.
En conclusion, cette étude indique que chez des hypertendus âgés de plus de 60 ans, il existe des troubles de la sexualité pour les hommes et les femmes. Chez certains, la vie sexuelle est perturbée mais les troubles sont les plus fréquents chez les hommes les plus âgés. Contrairement aux idées reçues, l’usage des médicaments antihypertenseurs, même s’ils sont associés, ne sont pas particulièrement la cause de troubles de la sexualité chez les hommes et chez les femmes ayant participé à cette étude.
Pour en savoir plus, lisez l’article disponible dans sa version complète :
L’étude FLAHS 2022 a été réalisée en France métropolitaine en juillet 2022 chez des sujets âgés de 35 ans et plus. Des réponses à un questionnaire papier ont été obtenus auprès de 1302 sujets déclarant prendre des médicaments antihypertenseurs et chez 3310 sujets ne prenant pas d’antihypertenseurs.
Une analyse sur la fréquence des pathologies du sommeil a été effectuée en prenant comme variable de tri le genre.
Les résultats indiquent que des épisodes d’insomnie sont déclarés par 23,4 % des hypertendus traités et par 19,6 % des sujets non hypertendus traités.
L’insomnie est plus fréquente chez la femme et la fréquence la plus élevée est notée chez les femmes traitées par antihypertenseurs (28 %).
Une apnée du sommeil est traitée chez 11 % des sujets sous antihypertenseurs et chez 3,4 % des sujets non traités par antihypertenseur.
L’apnée du sommeil traitée est plus fréquente chez les hommes et la fréquence la plus élevée est notée chez les hommes traités par antihypertenseurs (13,8 %).
Chaque mois, découvrez une nouvelle planche tirée de la bande dessinée sur l’hypertension artérielle qui raconte les vacances mouvementées d’une hypertendue sous les tropiques.