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Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle
Je souhaite vous faire part de mon expérience de médecin spécialiste de l’hypertension artérielle lorsque je propose des médicaments antihypertenseurs à un patient.
Les médicaments antihypertenseurs ont démontré une efficacité comparable chez les hommes et chez les femmes, pour induire une baisse de la pression artérielle.
En France et dans la majorité des pays du monde, les médecins disposent de plus d’une centaine de médicaments antihypertenseurs différents qui, chacun, appartiennent du fait de leur mode d‘action, à 1 parmi 7 « grandes familles » pharmacologiques.
Choisir pour un patient le ou les médicaments les plus appropriés est toujours difficile, car un médicament peut chez un patient donné ne pas provoquer un baisse suffisante de la tension (on parle alors d’une mauvaise réponse au traitement ou d’un mauvais contrôle de la tension) ou alors peut provoquer des effets que le patient décrira comme « indésirables ».
Dans ce cas, le médecin habituellement soit diminue la posologie du médicament soit stoppe le médicament mais doit alors en prescrire un autre. Ces changements de médicaments sont parfois difficiles à décider, en particulier lorsque le médicament provoque une baisse satisfaisante de la tension et permet donc une bonne protection contre les complications de l’hypertension !
J’ai observé, avec beaucoup d’autres médecins, que la fréquence des effets indésirables associés aux antihypertenseurs dépendait de nombreux facteurs, et que les causes les plus souvent retrouvées étaient :
Ainsi, par exemple comme la gêne urinaire est une plainte plus fréquente chez les hommes après 60 ans, j’évite si possible de leur prescrire un antihypertenseur de la famille des diurétiques.
Et comme les œdèmes des chevilles sont une plainte plus fréquente chez les femmes, je réserve ces antihypertenseurs aux situations où je n’ai pas d’autre choix.
Les données de l’enquête FLAHS, réalisée en 2022 en France, indiquent que la prescription des médicaments antihypertenseurs est différente chez les femmes et chez les hommes. Ma pratique est donc probablement comparable à celle d’autres médecins.
Pour avoir plus d’informations sur les différences dans la prise en charge des hypertendus en France selon le « genre », rendez-vous ici.
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Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle
L’enquête FLAHS 2022 a été réalisée en juillet 2022 par un auto-questionnaire envoyé à 6000 individus âgés de 35 ans et plus, issus de la base de sondage permanente Métascope en collaboration avec Cerner. Une représentativité des résultats pour la population française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.
Dans FLAHS 2022, 27,9 % des sondés ont déclaré prendre actuellement au moins 1 médicament antihypertenseur. Ce pourcentage était de 9,2 % chez les sujets âgés de 35 à 54 ans, de 34,4 % chez ceux âgés de 55 à 74 ans et de 62,3 % chez ceux âgés de 75 ans et plus.
Chez les hommes âgés de 35 ans et plus 30,1 % déclarent prendre au moins 1 antihypertenseur et ce pourcentage est de 26 % chez les femmes (la différence est statistiquement significative).
Les médicaments antihypertenseurs prescrits chez les femmes sont différents de ceux prescrits chez les hommes :
Lorsque la tension a été évaluée par automesure, une pression SYStolique < 135 mmHg en moyenne a été notée chez 66,3 % de la population traitée par au moins 1 médicament antihypertenseur. Ce pourcentage était de 64,3 % chez les hommes et de 68,5 % chez les femmes.
Pour consulter d’autres données sur la prise en charge de l’hypertension artérielle en France en 2022, consulter la rubrique enquête FLAHS.
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Je souhaite vous communiquer des précisions concernant la reconnaissance des signes de l’infarctus du myocarde qui est une maladie cardiaque qui touche aussi les femmes.
Aujourd’hui, il est indispensable que le grand public et les professionnels de santé puissent rapidement faire le diagnostic de cette grave maladie cardiaque qui touche malheureusement de plus en plus fréquemment des patientes jeunes.
L’infarctus du myocarde est une maladie qui, historiquement, concerne des hommes ayant un profil de risque cardiovasculaire défavorable, c’est-à-dire chez les sujets qui fument, qui sont très sédentaires, en surpoids et qui souvent ont un diabète, un excès de mauvais cholestérol et une hypertension artérielle.
Aujourd’hui, les femmes présentent de plus en plus ces même facteurs de risque, et particulièrement si elle est une fumeuse, même occasionnelle, elle sera encore susceptible de présenter un infarctus. De plus, l’infarctus du myocarde est, de nos jours, aussi observé chez des femmes même jeunes en raison de l’impact plus délétère de ces facteurs de risque et des risques qui sont spécifiques aux femmes, notamment liés aux complications de grossesse et aux contraceptions estroprogestatives.
Je souhaite, avec d’autres spécialistes, relayer une information qui est encore mal connue.
Les signes de l’infarctus du myocarde qui sont observés chez les femmes ne sont pas si différents des signes observés chez les hommes. Mais comme ils sont plus variés, le diagnostic peut être plus difficile et cette particularité conduit à retarder la prise en charge, alors que celle-ci est une « course contre la montre ».
Une étude récemment réalisée en France, que j’ai coordonnée, montre que si « la douleur qui enserre la poitrine » est présente chez plus 90 % des femmes, il y a « en plus » pour 55 % des patientes, particulièrement chez les moins de 50 ans, des signes associés comme des douleurs de l’abdomen, des vomissements, des douleurs du dos, des vertiges, un essoufflement qui peuvent fausser le diagnostic initial.
Ainsi, s’il n’y a pas vraiment de différence entre les signes de l’infarctus chez les femmes et chez les hommes, il faut informer le public et les professionnels de santé que de nos jours l’infarctus du myocarde est une maladie qui peut toucher aussi une femme, même avant l’âge de 50 ans, et que plus rapidement est porté le diagnostic meilleur sera le pronostic de la maladie.
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Auteur : Dr MC Wimart, vice-présidente du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle
Depuis toujours, des valeurs spécifiques des tensions SYStoliques et DIAstoliques sont données pour définir la normalité de la tension chez les enfants, les sujets âgés de plus de 80 ans et chez les femmes enceintes.
Toutefois, la définition de l’hypertension artérielle est la même pour tous les adultes, que l’on soit un homme ou une femme. Cette définition « unigenre » est remise en question par une équipe d’épidémiologistes qui travaille aux USA.
Les données de plusieurs cohortes menées au cours des 50 dernières années (étude de Framingham, étude ARIC, étude MESA) ayant permis de suivre pendant près de 30 ans plus de 30 000 participants, dont 54 % de femmes, ont confirmé que, aux USA, les complications cardiovasculaires survenaient plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes.
L’analyse réalisée dans ce travail apporte une information supplémentaire car il est montré que pour un niveau comparable de la pression artérielle SyStolique, les AVC, les infarctus du myocarde ou les épisodes d’insuffisance cardiaque étaient plus fréquents chez les femmes que chez les hommes.
L’analyse proposée par ces chercheurs indique que si l’on veut prévenir les maladies cardiovasculaires de façon « égalitaire », la définition de l’hypertension artérielle devrait être différente selon le genre. Ainsi une tension considérée comme anormale chez un homme est plus haute qu’une tension considérée comme anormale chez une femme.
Cette conclusion, qui remet en question un dogme de la médecine préventive, est sans doute actuellement âprement discutée au sein des comités qui rédigent les recommandations à destination des professionnels de santé.
Mais en octobre 2022, en France et dans le monde, la définition de l’hypertension artérielle n’est pas différente pour les hommes et les femmes. Toutefois, il n’est pas impossible que cette situation ne soit pas modifiée prochainement.
La lecture de cet article avait déjà été proposée par la Fondation Hypertension en 2021.
Pour en lire plus, le lien vers l’article original est en accès libre : Ji H et al. Sex differences in blood pressure associations with cardiovascular outcomes. Circulation. 2021; 143 :761-763.
Chaque mois, découvrez une nouvelle planche tirée de la bande dessinée sur l’hypertension artérielle qui raconte les vacances mouvementées d’une hypertendue sous les tropiques.
télécharger la planche d’octobre 2022
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