Symptômes de l'hypertension - Fondation HTA

Les signes de l’hypertension

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Le conseil du Professeur Girerd

Symptômes de l’hypertension artérielle

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II est classique d’entendre dire que l’hypertension artérielle est une maladie sans symptômes ?

Effectivement, depuis les années 50, c’est aux États-Unis que ce concept a émergé avec même un vocable. L’hypertension aux États-Unis s’appelle le tueur silencieux, The Silent killer. Qu’est-ce que ça veut dire silencieux ? ça veut dire que les patients ne savent pas qu’ils ont de l’hypertension. Ils n’ont aucun signe, aucun symptôme, et puis un jour ils font une complication de l’hypertension : AVC, maladie cardiaque, maladie rénale, parfois même la mort, il y a des gens qui ne se savent pas hypertendus et le premier signe de l’hypertension c’est pour eux de mourir. Donc le tueur silencieux c’est un terme qui a eu beaucoup de publicité mais qui en fait ne traduit pas la vérité.

Quel le signe de l’hypertension le plus fréquent ?

Le signe de l’hypertension le plus fréquent c’est le mal de tête.

Le mal de tête c’est la migraine ?

C’est effectivement une confusion qui est faite par beaucoup de gens : « avoir mal à la tête, c’est avoir une migraine ! » Dans les deux cas, on a mal à la tête mais ce n’est pas le même genre de mal de tête : la migraine, comme son nom l’indique, mi-graine, c’est la moitié de la tête qui fait mal, avec des signes d’accompagnement. Le diagnostic de migraine pour un professionnel de santé est très facile à faire s’il interroge son patient. Le mal de tête de l’hypertension, c’est un mal de tête assez banal mais il y a une caractéristique c’est que des gens qui n’ont jamais eu mal à la tête et puis à la trentaine, à la quarantaine, à la cinquantaine éventuellement, se mettent à avoir mal à la tête, et il gèrent d’ailleurs très bien ce mal de tête, parce que c’est un mal de tête assez peu gênant.

Quand on a mal à la tête, qu’est-ce qu’on peut faire pour le soigner ?

On prend des antalgiques les plus banals : le paracétamol, l’aspirine, les anti-inflammatoires, en ventre libre, et d’ailleurs ça peut marcher. Les gens ont moins mal à la tête mais ça revient. Un mal de tête qui n’existait pas et qui peut céder aux antalgiques, mais qui revient alors qu’on n’avait jamais mal à la tête avant, et qu’on a entre 30 et 50 ans, doit faire évoquer la possibilité que ce soit un signe d’hypertension artérielle qui n’est pas connue des gens.

Qu’est-ce qu’on doit faire alors ?

On doit mesurer sa tension, c’est le message très important que j’aimerais délivrer. Quand on a un mal de tête banal qui peut céder avec les médicaments banals mais qui revient, et qui n’existait pas avant, il n’y a qu’une chose à faire : mesurer sa tension ou la faire mesurer. Soit on va voir un médecin pour mesurer la tension, soit on la mesure soi-même, puisque de nos jours on peut faire un autotest de la tension ou une automesure sur plusieurs jours. Mais il ne faut même pas faire sur 3 jours d’emblée. On mesure sa tension au moins une fois, elle peut être élevée.

Si la tension est élevée, on a de l’hypertension ?

Non, l’hypertension n’est pas un diagnostic qu’on fait avec une seule tension. Une tension élevée c’est plus de 140 pour le chiffre SYS ou 90 pour le chiffre de la DIA. La première chose à faire c’est de la mesurer une deuxième fois. Quand on mesure sa tension et qu’elle est élevée – plus de 140 ou plus de 90 –, il faut toujours remesurer sa tension une deuxième fois en restant assis pendant cette mesure, en ayant plutôt si possible quelques minutes de repos : il ne faut pas la mesurer comme ça d’emblée. Dernière difficulté : mesurer sa tension quand on a mal à la tête et retrouver plus de 140/90 deux fois de suite, ça ne veut pas dire non plus qu’on est certain d’avoir de l’hypertension, parce qu’il y a un phénomène qui est celui de la douleur. Quand on a mal à la tête (ou dans les articulations ou une douleur chez la femme liée aux règles ou une douleur liée à une blessure…) et qu’on mesure sa pression, elle est élevée. La douleur provoque une élévation de la tension mais on n’est pas forcément hypertendu ! Donc quand on a des chiffres élevés à deux reprises en autotest, chez le médecin ou chez soi, il ne faut pas dire que c’est de l’hypertension avec certitude. Il faut mettre en route une surveillance qu’on appelle l’automesure sur 3 jours, qui est aujourd’hui considérée par les experts comme étant suffisante pour pouvoir confirmer la maladie qu’on appelle hypertension artérielle. Finalement, ce mal de tête, c’est une chance : avoir de l’hypertension et mal à la tête, ça permet de transformer la maladie « silencieuse » en maladie « parlante » et de ce fait de pouvoir mettre en route un diagnostic, éventuellement. Et sûrement un traitement parce que l’hypertension artérielle se soigne très bien, et surtout elle se soigne pour pouvoir faire disparaître les maux de tête. Si on soigne l’hypertension artérielle, on n’a plus mal à la tête.

Quels sont les traitements qui font disparaître le mal de tête de l’hypertension ?

Les traitements qui font disparaître le mal de tête de l’hypertension sont les traitements de l’hypertension. Il existe beaucoup de façons de soigner l’hypertension mais la plus efficace, la plus démonstrative sur l’action pour diminuer le mal de tête, c’est les médicaments antihypertenseurs. Les médicaments qui font baisser la tension font disparaître les maux de tête liés à la tension – quand c’est la cause des maux de tête parce qu’il peut y avoir d’autres raisons d’avoir mal à la tête. Les choses sont difficiles, il ne faut pas mettre en route un traitement d’hypertension sans avoir une surveillance. Le traitement de l’hypertension, s’il permet de protéger contre les complications de l’hypertension, permet aussi de faire disparaître les maux de tête liés à l’hypertension. Si la tension s’abaisse avec le traitement et que les maux de tête ne disparaissent pas, il faut alors faire d’autres examens pour chercher une cause à ces maux de tête, qui ne sont plus liés à l’hypertension. Les autres examens pour explorer les maux de tête sont le scanner, l’IRM cérébrale, mais il ne faut pas les faire tout de suite. Il faut d’abord soigner l’hypertension artérielle avec des médicaments antihypertenseurs et n’envisager ces examens que si l’on a encore mal à la tête malgré le fait que la tension a été abaissée par les médicaments antihypertenseurs.

Est-ce que tous les médicaments contre l’hypertension soignent les maux de tête avec la même efficacité ?

Non, tous les médicaments n’ont pas une équivalence. Certains médicaments, qui sont très efficaces pour faire baisser la tension, peuvent provoquer des maux de tête au début de leur prescription, dans la première semaine. En particulier les médicaments qu’on appelle antagonistes calciques qui sont très actifs, qu’on appelle dilatateurs artériels, vasodilatateurs, de la famille des dihydropyridines. Ces médicaments sont très efficaces pour faire baisser la tension mais tellement efficaces que parfois ils peuvent provoquer mal à la tête dans les premiers jours. Il y a quelque chose d’un peu difficile et paradoxal. Personnellement, quand je dois prescrire un médicament qui fait baisser la tension quand le patient me décrit qu’il a mal à la tête, je ne lui prescris pas cette famille de médicaments mais j’en prescris d’autres qui, eux, ne provoquent jamais mal à la tête et qui sont de puissants médicaments pour faire baisser la pression, très bien tolérés, qui s’appellent les sartan. Prescrire un sartan c’est logique parce qu’ils font baisser la tension, soulagent les patients et les protègent aussi ! C’est le plus important : les protéger contre les maladies cardiovasculaires graves que sont l’AVC, les maladies cardiaques ou les maladies rénales.

Avoir mal à la tête, est-ce toujours bénin ou ça peut être grave ?

Dans la grande majorité des cas, c’est bénin. Mais il y a certaines exceptions. Le conseil que je donnerais à un patient qui connaît son hypertension : il peut avoir un traitement contre l’hypertension – ce traitement peut-être marche bien, peut-être ne marche pas suffisamment, il faudrait l’adapter – mais si, brutalement, survient un mal de tête – la notion de brutalité c’est que tout allait bien et tout d’un coup on a très mal à la tête – il faut analyser la situation. Ce n’est pas bénin quand on est soigné contre l’hypertension artérielle d’avoir très mal à la tête tout d’un coup ! Il faut analyser la situation avec un professionnel de santé ou appeler un service d’urgence pour se faire aider et rechercher une paralysie, un trouble visuel, d’autres symptômes parce qu’il peut y avoir des causes de maladies vasculaires. L’accident vasculaire cérébral hémorragique peut donner par exemple un mal de tête très important, brutal, chez un hypertendu. La plupart du temps, avoir mal à la tête quand on a de l’hypertension c’est bénin, mais il y a certaines circonstances qui doivent conduire à une prise en charge en urgence. Il ne faut pas s’affoler dans la grande majorité des cas, mais si ce mal de tête survient brutalement, après un effort physique ou un rapport sexuel, et qu’on est âgé de moins de 40 ans, il faut absolument prendre un avis spécialisé en urgence parce que ça peut être un accident vasculaire cérébral, une rupture d’anévrisme, une hémorragie méningée… Il y a des circonstances très rares mais qu’il faut connaître. En majorité, ne pas s’inquiéter sauf si le mal de tête est brutal, après un effort physique.

Il existe d’autres symptômes assez fréquents comme les mouches volantes ?

La mouche volante est effectivement décrite. Qu’est-ce que c’est qu’une mouche volante ? Bien évidemment, il n’y a pas d’insectes qui volent devant les patients qui ont de l’hypertension ! C’est une sensation de voir quelque chose qui bouge, en particulier quand on a les yeux fermés. Tout un chacun a probablement déjà connu cette situation quand on regarde une source très lumineuse ou le soleil et qu’on ferme les yeux, on voit quelque chose qui se met à bouger, ça va durer quelques dizaines de secondes, puis ça va disparaître. Ce sont en fait des impressions rétiniennes liées à cette lumière intense. Il ne faut pas regarder le soleil en direct. La mouche volante c’est cette sensation qui peut être sur un œil ou sur les deux yeux, quand on a les yeux fermés, de voir quelque chose qui bouge. Ça survient, soit ça dure quelques secondes ce qu’on appelle les mouches volantes liées à l’hypertension artérielle, mais si ça ne disparaît pas, il faut s’en inquiéter un petit peu parce qu’il y a des maladies oculaires ophtalmologiques qui peuvent avoir comme signe ces mouches volantes. Une mouche volante qui ne disparaît pas au bout de quelques minutes, il faut alors prendre un avis médical, éventuellement spécialisé, pour savoir si c’est une pathologie de la rétine ou une pathologie de l’œil que seuls les spécialistes ophtalmologiques pourront diagnostiquer et prendre en charge pour éviter que les choses ne s’aggravent. Est-ce que c’est un symptôme qui veut dire quelque chose chez hypertendu ? Non, l’hypertension n’est pas plus grave, plus sévère, plus inquiétante si on a des mouches volantes. Aucune inquiétude à avoir, ça va, ça vient puis ça va disparaître chez la majorité des gens.

Les acouphènes sont un autre symptôme assez fréquent ?

L’acouphène est un bruit dans une ou deux oreilles alors qu’il n’y a pas de bruit extérieur. C’est un bruit neurologique construit par le cerveau : le cerveau crée un bruit et il n’y a pas de bruit extérieur. Ces acouphènes sont parfois battants, soit aigus soit graves soit on entend vraiment comme passer un train. Ces acouphènes sont très fréquents dans la population après l’âge de 30 ans. Ils sont souvent très gênants et peuvent être aggravés par le silence ou au contraire disparaître – le plus souvent – quand il y a un bruit associé. Un des moyens de soigner l’acouphène est de créer un autre bruit. L’acouphène nécessite un bilan par un spécialiste ORL pour faire la recherche d’une cause. Dans 95 % des cas, le spécialiste ORL ne trouve pas de cause et va passer la patate chaude comme on dit : «  Vous avez de l’hypertension ? C’est l’hypertension qui provoque les acouphènes ! » Moi qui suis un spécialiste de l’hypertension artérielle, j’ai beaucoup de patients qui ont l’hypertension, qui ont les médicaments qui permettent d’avoir une tension tout à fait normale, et qui ont malheureusement des acouphènes. L’acouphène ne disparaîtra pas avec le traitement de l’hypertension alors que les maux de tête vont disparaître avec le traitement d’hypertension. L’acouphène a une particularité : il va et vient. Les gens sont gênés quelques jours, quelques semaines, puis ça disparaît. Il ne faut pas crier victoire malheureusement parce que souvent les acouphènes reviennent. Il y a des périodes où ils sont plus fréquents que d’autres. C’est un peu désespérant pour le médecin, et pour le patient surtout, parce que l’acouphène et l’hypertension sont peut-être liés mais malheureusement il ne disparaît pas forcément avec le traitement de l’hypertension. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir pour pouvoir réellement soulager les gens. Mais il faut être positif, l’acouphène disparaît toujours. 95 % des gens n’ont pas des acouphènes toute leur vie. Il y a des périodes de leur vie où ils ont plus d’acouphènes que d’autres.

On ne s’alarme donc pas d’acouphènes ? 

Si l’acouphène survient, il faut voir un médecin ORL pour faire un bilan et essayer de comprendre s’il n’y a pas une raison. Il existe des maladies de l’oreille qui peuvent provoquer un acouphène. Mais dans la majorité des cas, on ne trouve pas de cause. Avec le traitement de l’hypertension, l’acouphène peut persister. Il faut s’en occuper mais on est un peu démuni et il ne faut pas désespérer car de toute façon l’acouphène va guérir seul. Mais il faut quand même soigner l’hypertension artérielle !

Les saignements de nez sont-ils un symptôme de l’hypertension artérielle ?

Le saignement de nez a un nom médical : l’épistaxis. Beaucoup de gens ont eu dans leur vie des épistaxis, c’est plus fréquent quand on a fait une virose, quand on a eu un rhume, quand on vit dans une atmosphère peu humidifiée, dans des pièces très chauffées, très sèches… il y a beaucoup de raisons d’avoir des épistaxis. Deux choses importantes à savoir : en cas de saignement de nez, on comprime la narine qui saigne, 2-3 minutes avec le doigt, l’épistaxis s’arrête, dans ce cas-là il ne faut pas s’en inquiéter outre mesure. Si l’épistaxis revient au bout de quelques heures ou de quelques jours, même si on arrive à l’arrêter, ça peut être un élément comme les maux de tête pour dire peut-être que j’ai de l’hypertension. Il faut donc mesurer sa tension ou la faire mesurer et voir comment les choses évoluent. On est dans la même situation que les maux de tête et si l’hypertension est soignée, en règle générale les épistaxis disparaissent. Il y a aussi la situation où l’on n’arrive pas à arrêter l’épistaxis. C’est ce qu’on appelle les épistaxis de grande abondance. Il ne faut pas rester chez soi, on va dans un service d’urgence, si possible avec un spécialiste ORL de garde qui va soigner ce saignement qui peut nécessiter un geste, très banal pour un spécialiste ORL, qu’on appelle le méchage. Le méchage, soit antérieur soit postérieur, conduit à arrêter le saignement, de garder sa mèche et d’entreprendre un bilan. Il y a toujours une raison à une épistaxis de grande abondance. C’est l’ORL qui va entreprendre ce bilan dans lequel il y a la mesure de la pression artérielle. La grande abondance, on va lui trouver une cause : soit c’est une cause très bénigne, qu’on appelle une tache vasculaire, mais parfois il y a des causes plus importantes : une anomalie dans le sang, des plaquettes sanguines, un trouble de la coagulation ou une lésion ORL… C’est un bilan que n’a pas à faire un cardiologue mais un ORL ou un médecin spécialisé dans la pathologie de la face. L’épistaxis dans 95 % des cas c’est bénin. On doit rechercher une hypertension artérielle si c’est récidivant. Si c’est grave, de toute façon il faut voir un spécialiste ORL en urgence pour arrêter le saignement. Ce spécialiste entreprendra un bilan et s’il y a une hypertension qui est mise en évidence, il faut se méfier : on peut avoir deux maladies, une hypertension plus une autre cause à ce saignement de nez sévère ayant nécessité un méchage.

 

Podcasts – Les Voix de l’Hypertension

Consultation d’annonce de l’hypertension : ce que je dis

Entretien avec le Dr Frédéric Villeneuve, médecine générale

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Pr Xavier Girerd : Docteur Villeneuve, vous êtes spécialiste en médecine générale, vous travaillez en région Île-de-France et vous êtes un spécialiste de la prévention des maladies cardiovasculaires. Comment annoncez-vous à un patient qu’il a une hypertension artérielle ou un cholestérol ? Que leur dites-vous quand vous faites l’annonce de cette nouvelle ?

Dr Frédéric Villeneuve : C’est une question difficile, à laquelle on est souvent confronté de par la prévalence de cette maladie. J’essaie toujours d’être dans l’empathie, d’apporter des explications claires, de reformuler certaines questions et surtout sous forme de questions ouvertes pour que le patient puisse s’exprimer.

X. G. : Présentez-vous l’hypertension ou le cholestérol élevé comme une maladie ou comme un facteur de risque ? C’est compliqué de l’expliquer aux patients.

F. V. : En ce qui me concerne, c’est une maladie. Je le présente aux patients comme une maladie. D’ailleurs, lorsque je suis confronté à la question du patient chez qui on va diagnostiquer une hypertension artérielle, je lui dis : « je vois que ça vous inquiète, expliquez-moi ce qui vous préoccupe le plus dans l’annonce de de ce diagnostic ? »

X. G. : Je suis d’accord avec vous, il faut essayer de se mettre dans la tête des gens, comment ils se représentent ça. Justement, il y a une question que posent les gens quand on leur parle de traitement ou de cette maladie, ils demandent : « est-ce que je vais en guérir ? Est-ce que je vais prendre les médicaments à vie ? » Quel est votre verbatim, comment vous leur répondez ?

F. V. : J’essaie toujours de les réassurer, de recontextualiser les choses.

X. G. : Mais quand ils vous disent « je vais prendre ce traitement à vie », est-ce que vous leur donnez un espoir qu’on puisse l’arrêter un jour ?

F. V. : Non je ne vais pas sur ce terrain-là, je leur dis toujours que je comprends que l’idée de prendre un traitement à vie puisse les inquiéter, être préoccupante. Je leur demande toujours ce qui les inquiète le plus à ce sujet. Prendre un traitement à vie sur le long terme, je peux comprendre que ce soit inquiétant, mais ça ne veut pas dire que ça va être difficile dans leur vie de tous les jours. J’essaie de comprendre les ressorts.

X. G. : Est-ce que vous utilisez ce que moi j’utilise chez certains patients, pour leur donner quand même un espoir, surtout les gens jeunes qui ont cette hypertension familiale, ils ont 30 ans, leur père a été hypertendu, on ne peut pas leur dire autre chose finalement que le traitement est à vie. Je ne nie pas, mais je leur dis que la médecine fait tellement de progrès, a tellement de fait de progrès, que dans les 30 ans qui viennent peut-être qu’on aura trouvé le moyen de guérir de l’hypertension. Est-ce que vous vous osez le dire ou pas ?

F. V. : Je ne vais peut-être pas aller jusqu’à leur dire qu’on va guérir mais en tout cas je leur dis que les progrès scientifiques ont été majeurs : ça fait une vingtaine d’années que je suis médecin et entre les traitements qu’on prescrivait il y a une vingtaine d’années et maintenant on voit très bien la simplification des traitements qui a été mise en place. Donc envisager une guérison n’est pas du tout utopique à l’heure actuelle.

X. G. : Parlons entre spécialistes du traitement de DNR (NDLR : dénervation rénale) : j’ai quelques patients qui sont guéris de l’hypertension donc ce n’est pas complètement impossible !

F. V. : C’est assez drôle ce que vous me soumettez là puisque, effectivement, la dénervation rénale, on la place actuellement plutôt en fin de processus de traitement et quelques personnes commencent à l’évoquer plutôt au tout début de la prise en charge, justement pour envisager une guérison.

X. G. : C’est vraiment ce que j’évoque et je pense que dans 20 ans, on proposera la DNR en tout début de traitement, en alternative du traitement médicamenteux, mais ce n’est pas l’objet puisqu’on est dans les traitements. J’aimerais vous poser une autre question qui est un verbatim de patient : j’ai des patients jeunes qui disent : « J’ai de l’hypertension ? Mais je ne comprends pas ! Moi, je fais du sport, je mange sainement, pourquoi j’ai de l’hypertension, alors que j’applique toutes les règles ? » Qu’est-ce que vous leur répondez à ces patients qui vous présentent les choses comme ça ?

F. V. : Je les valorise dans leur pratique et les encourage à poursuivre leur activité physique, je leur explique qu’effectivement ça peut être déconcertant, malgré leurs efforts, de développer une hypertension. Je saisis l’opportunité pour leur expliquer que l’hypertension n’est pas liée qu’au fait de pratiquer ou pas une activité physique, mais va être la conséquence d’un vieillissement des artères, de l’âge qui avance, de l’existence ou non d’un tabagisme.

X. G. : Vous en profitez pour faire de l’explicatif. Vous êtes de la génération où vous ne dites pas qu’on ne connaît pas les causes de l’hypertension ?

F. V. : Au contraire, je renforce l’idée que l’hypertension est liée au fait que les artères vieillissent et qu’elle est soumise à plein de facteurs divers et variés, qui vont entraîner une rigidité des artères.

X. G. : Je vois bien de quelle école vous êtes et j’approuve ! Je crois que ce discours consistant à dire on ne connaît pas la cause de l’hypertension, c’est non, aujourd’hui les maladies, on en connait la cause en règle générale, et l’hypertension particulièrement bien. Parlons d’un autre verbatim de patient. Ces patients qui disent – souvent des femmes d’ailleurs – « j’ai tout fait pour essayer de perdre du poids, je n’arrive pas à perdre du poids ! » Qu’est-ce que vous leur dites quand vous leur avez fixé comme objectif de perdre quelques kilos et puis leur hypertension va peut-être disparaître ?

F. V. : Il faut être dans l’empathie, dans l’écoute, leur expliquer qu’effectivement c’est frustrant de ne pas perdre de poids avec tous les efforts qui sont mis en œuvre, c’est déroutant, c’est difficile à accepter de ne pas perdre de poids, mais que globalement on va se revoir, on va mettre en place des actions pour aider les mécanismes qui font que cette perte de poids est difficile. On va essayer de fouiller dans le mode de vie des patients concernés pour essayer de mettre le doigt sur un facteur particulier.

X. G. : Chez un hypertendu chez lequel vous avez dit on va commencer la prise en charge, vous allez perdre du poids et c’est ça le traitement mais quand ils n’arrivent pas à perdre du poids, vous changez votre fusil d’épaule rapidement ? Vous leur proposez un médicament antihypertenseur, est-ce qu’il ne faudrait pas le faire initialement ? Est-ce que dès le début, il faut leur dire « le traitement, c’est les médicaments et si vous perdez du poids, peut-être qu’il n’y aura pas de traitement » ?

F. V. : Je trouve difficile d’encourager les patients à mettre en place des mesures nutritionnelles ou à se mettre à l’activité physique et de ne pas les valoriser même lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous. Bien évidemment, il faut dès le début envisager la prescription d’un traitement et il faudra effectivement dire aux patients que malgré la réduction de sel, malgré le fait que la perte de poids n’est pas au rendez-vous, on va rester positif, on va les encourager mais que la prescription d’un traitement s’avère nécessaire et que ce traitement permettra une protection du cœur, une protection des vaisseaux sanguins, des artères, afin d’éviter des complications cardiovasculaires. Bien sûr il ne faut pas non plus tomber dans le piège de l’inertie thérapeutique et se donner un temps infini en espérant toujours que le patient arrive à perdre du poids ou à manger moins salé, mais il faut être conscient des limites de ces mesures et, dès le départ, avoir un plan d’action, un plan de soins défini dont les médicaments font partie.

X. G. : Je suis d’accord avec vous, mais j’aimerais qu’on fasse avancer le concept : depuis 30 ans, on propose la prise en charge des hypertendus en disant de commencer par les mesures non médicamenteuses et puis après mettre les médicaments. Est-ce qu’on ne devrait pas, parce que c’est un échec chez la majorité des gens quand même ?

F. V. : C’est rappelé dans les recommandations ESH 2023 : les mesures nutritionnelles doivent être mises en place, mais elles ne doivent pas retarder la prescription d’un traitement.

X. G. : Je rebondis sur ce que vous venez dire : on ne devrait pas retarder. Mais finalement, est-ce qu’on n’aurait pas dû plutôt écrire – et mettre en pratique – de mettre le traitement à tout le monde et de leur dire qu’il y aura peut-être possibilité d’arrêter le traitement s’ils perdent du poids. Peut-être que cet objectif serait un élément de motivation supplémentaire pour permettre aux gens de voir tout de suite un résultat : le contrôle de la pression artérielle, pour les protéger quand même, et ensuite associer le fait que si ça les embête vraiment de prendre des médicaments, s’ils ont des effets indésirables, et bien qu’ils perdent du poids et on pourra proposer d’arrêter. Qu’est-ce que vous en pensez ?

F. V. : La problématique à laquelle on est confronté, et ça a été parfaitement rappelé dans le Bulletin épidémiologique de l’année dernière, c’est que de mémoire plus de 90 % des patients sont réticents à l’idée de prendre un traitement médicamenteux. Vaincre cette réticence, c’est compliqué. On est dans une période où les médicaments ont plutôt mauvaise presse. On lit régulièrement que l’on peut attendre des effets bénéfiques extrêmement importants avec l’activité physique et avec les mesures nutritionnelles. Quand on est praticien, on est souvent quand même assez déçu des résultats qu’on obtient sur le contrôle de l’hypertension artérielle ou sur l’objectif de cholestérol qu’on peut se fixer avec les patients. Bien évidemment, qu’elles sont à mettre en place mais, à l’heure actuelle, dans nos consultations, ça reste quand même difficile de mettre en place le traitement. Lutter contre cette réticence n’est pas si évident que ça au quotidien.

X. G. : Qu’est-ce que vous répondez au patient qui dit « je ne veux pas de médicament » ? Il y en a même qui disent « je ne suis pas très médicament », on comprend bien ce que ça veut dire : même si on leur prescrit, ils ne le prendront pas. Est-ce que vous avez des trucs pour vous adapter à cette déclaration ? Comment vous gérez ça ?

F. V. : Je leur dis que je comprends cette réticence à prendre des médicaments. Beaucoup de gens préfèrent éviter de prendre des médicaments quand c’est possible. Et là je rebondis pour leur expliquer que si on pouvait faire sans médicament, on le ferait, mais que ce n’est pas toujours évident. Je leur laisse surtout une porte ouverte pour qu’ils m’expliquent leurs craintes, pour essayer d’apporter des arguments aux difficultés que cela génère dans la compréhension de la maladie.

X. G. : Merci pour cet échange, ce n’était pas la langue de bois et on a fait part vraiment de pratiques. La pratique d’un médecin généraliste spécialiste dans la prévention des maladies cardiovasculaires était très intéressante à entendre.

 

Vidéos – Hypertension France

Les symptômes d’alerte de l’hypertension

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capture d'écran 2024 10 14 121110Le mal de tête brutal, inhabituel, est un symptôme d’alerte. Un trouble visuel, une perte de la vision, voir double, est un symptôme d’alerte. Un essoufflement, alors qu’on n’est jamais essoufflé, est un symptôme d’alerte. En un mot, c’est de la médecine difficile. On ne trouve pas toutes les réponses sur internet. Donc il faut aller voir son médecin, ne pas hésiter à aller voir un professionnel de santé. Un symptôme peut être bénin comme il peut être plus grave. Mais avoir un symptôme et de l’hypertension ne veut pas dire que c’est forcément une hypertension grave !