Traitement par cohérence cardiaque - Fondation HTA

Traitement par cohérence cardiaque

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sommaire avril 2023

Les conseils du Pr Xavier Girerd

Agir sur la fréquence cardiaque n’est pas un moyen efficace de traitement de l’hypertension.

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Auteur : Pr Xavier Girerd, Cardiologue et Président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle

Le nombre de battement cardiaque par minute, appelé par les médecins « fréquence cardiaque », apporte une information très utile sur le fonctionnement cardio-vasculaire.

Si la fréquence cardiaque est trop rapide, il peut s’agir d’une tachycardie, si elle est trop lente d’une bradycardie. Une fréquence cardiaque irrégulière, ressentie parfois comme des palpitations, peut correspondre à de nombreux troubles qui imposent l’avis d’un cardiologue.

Mais attention, la fréquence cardiaque est un paramètre très différent de la pression artérielle et il ne faut pas croire qu’ils sont interchangeables.

Je souhaite vous donner quelques conseils concernant la fréquence cardiaque chez les hypertendus :

  • Premier conseil : les tensiomètres automatiques affichent les chiffres de la tension qui sont désignés par le sigle SYS et DIA, la valeur de la fréquence cardiaque est appelée PULSE sur les tensiomètres actuels.
  • Deuxième conseil : les montres connectées sont validées pour donner des valeurs fiables de la fréquence cardiaque mais sont actuellement des gadgets pour la mesure de la pression artérielle, les tensiomètres automatiques sont, eux, fiables pour les chiffres de la tension mais aucune validation n’est obligatoire en ce qui concerne les chiffres de la PULSE.
  • Troisième conseil : les traitements antihypertenseurs qui ne provoquent pas de diminution de la fréquence cardiaque sont plus efficaces pour protéger contre les AVC liés à l’hypertension artérielle, par comparaison aux antihypertenseurs qui ralentissent la fréquence cardiaque.
  • Quatrième conseil : les méthodes de « cohérence cardiaque », qui provoquent une diminution de la fréquence cardiaque, n’ont pas de preuves scientifiques d’une prévention des complications cardio-vasculaires chez les hypertendus. Elles ne devraient pas, selon moi, remplacer les traitements médicamenteux traditionnels qui, eux, ont démontré leur efficacité.

Pour en savoir plus sur le rôle de la fréquence cardiaque dans la prise en charge de l’hypertension artérielle, écoutez les vidéos des experts de l’hypertension sur la chaine YouTube « Hypertension France ».

Pour aller plus loin :

les médicaments contre l’hypertension artérielle

les mesures non médicamenteuses

L’INFO RECHERCHE

Cohérence cardiaque pour l’hypertension artérielle. Les études scientifiques de référence ont un très faible niveau de preuve.

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Auteur : Dr MC Wimart, vice-présidente du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle

La pratique de la cohérence cardiaque se résume au nombre 365 :

3 fois par jour, soit au lever, avant le repas du midi et en fin d’après-midi, ou à tout autre moment,

6 inspirations de cinq secondes, suivie d’une expiration de cinq secondes,
5 minutes durant.

La pratique de la cohérence cardiaque permet de fixer la fréquence respiratoire à la valeur de 0,1 Hertz, qui serait selon ses promoteurs, une constante physiologique idéale.

Les effets bénéfiques sont observés à la 3e minute de pratique et se prolongeraient pendant quatre à six heures.

La cohérence cardiaque a été promue en France par David Servan-Schreiber depuis 2003, avec la publication d’un livre ayant pour titre : Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse (Éditions Robert Laffont).

De nombreux bénéfices sont attribués à l’usage de la méthode :

  • amélioration de la gestion du stress et de l’anxiété ;
  • amélioration du bien-être ;
  • augmentation de la capacité d’attention et de concentration ;
  • amélioration de la récupération après une activité physique ou sportive ;
  • meilleure tolérance à la douleur ;
  • amélioration de la qualité du sommeil ;

Des données indiquent :

  • la diminution du taux de cortisol ;
  • l’augmentation du taux de la DHEA ;
  • la baisse de la pression artérielle.

Pour savoir s’il existait un effet de la cohérence cardiaque sur la pression artérielle, nous avons effectué une recherche bibliographique extensive permettant d’analyser les études évaluant les bénéfices de cette méthode sur la prise en charge de patients ayant une hypertension artérielle.

Cette recherche bibliographique a été décevante car il n’existe aucune étude ayant un niveau méthodologique de qualité permettant d’indiquer :

  • une validation contre un comparateur comportant un groupe « placebo »
  • une action provoquant une baisse prolongée de la pression artérielle
  • l’usage de méthodes de mesure de la tension « modernes » comme le tensiomètre automatique en consultation, l’automesure ou la mesure ambulatoire de la pression artérielle
  • une diminution des complications cardiovasculaires chez des patients hypertendus
  • des études comparant les effets de la méthode aux effets de la prescriptions de médicaments antihypertenseurs traditionnels
  • des études publiées dans des journaux médicaux ou de recherche de catégorie A

En résumé, l’usage de la méthode de cohérence cardiaque pour le traitement et la prise en charge des patients ayant une hypertension artérielle confirmée ne devrait pas être proposé comme alternative aux méthodes traditionnelles utilisées depuis plus de 50 ans pour traiter ces patients.

en savoir plus sur les moyens recommandés pour le traitement de l’hypertension artérielle

 

Pour lire un des articles très souvent cité concernant la démonstration de l’effet de la méthode de cohérence cardiaque sur la pression artérielle :

  • 10.7453/gahmj.2012.1.2.011
  • Coherence: A Novel Nonpharmacological Modality for Lowering Blood Pressure in Hypertensive PatientsAbdullah A. Alabdulgader Glob Adv Health Med. 2012 May; 1(2): 56–64.

 

La tension en chiffres

Chez les hypertendus traités, il est observé que les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir une pression artérielle élevée. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir une fréquence cardiaque élevée.

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L’enquête FLAHS 2022 a été réalisée par Cerner Enviza, la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle et le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle. L’enquête a été menée en juillet 2022 par un auto-questionnaire envoyé à 6 000 individus issus de la base de sondage permanente Métascope, domiciliés en France métropolitaine et âgés de 35 ans et plus. Une représentativité des résultats pour la population française métropolitaine a été assurée par redressement statistique des données.

Chez 1350 sujets, un autotest de la tension a été réalisé avec l’usage de leur tensiomètre automatique personnel. L’autotest de la tension consiste à réaliser avec un tensiomètre automatique, 3 mesures de la tension et de la fréquence cardiaque en position assise, sans changer le côté du tensiomètre, avec 1 minute entre chaque mesure.

La moyenne des 3 valeurs de la tension SYStolique et de la tension DIAstolique et de la fréquence cardiaque (PULSE) ont été calculées chez 676 sujets âgés de 35 et plus comportant 353 hommes et 323 femmes.

  • La prévalence d’une PAS ≥ 120 mmHg était de 80% chez les hommes et de 73% chez les femmes (p<0,01).
  • La prévalence d’une PAD ≥ 80 mmHg était de 39% chez les hommes et de 30% chez les femmes (p<0,01).
  • La prévalence d’une FC ≥ 66 battements/min était de 69% chez les hommes et de 84% chez les femmes (p<0,01).

En conclusion, chez les hypertendus traités, il est observé que les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir une pression artérielle élevée. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir une fréquence cardiaque élevée.

Chez les hypertendus traités par antihypertenseur, la fréquence cardiaque n’est pas en relation avec le niveau de la pression artérielle mais avec d’autres facteurs qui sont associés au genre (taille, poids, médicaments prescrits…). Ce résultat a déjà été décrit dans d’autres populations et dans d’autres enquêtes FLAHS.

 

Hypertension en France pendant 20 ans

« Je suis triste car il y aura une augmentation des maladies cardiovasculaires dans 10 ans ».

Interview du Pr Xavier Girerd au nom de la Fondation Hypertension et du Comité de Lutte contre l’Hypertension Artérielle. 

Gérard Gertner, Axis TV : Où en est-on des fameuses études FLAHS ?

Alors en fait effectivement commençons par FLAHS : cet acronyme je l’ai inventé avec Jean-Jacques Mourad il y a 20 ans. French League Against Hypertension Survey. Alors on avait voulu faire de l’anglais n’est-ce pas, et en fait il faut le prononcer « flass » mais moi j’ai toujours pensé que c’était plus amusant en disant « flach ». Cette année c’est les 20 ans de FLAHS : depuis 20 ans, tous les deux ans on a, au Comité de lutte et à la Fondation Hypertension, investi pour avoir une photographie de la population des hypertendus soignés en France métropolitaine. Ça s’est restreint à ça, on ne fait pas les DOM-TOM, c’est dommage parce qu’il y a beaucoup de choses très différentes dans la prise en charge dans d’autres territoires ! Mais en tous cas, en France métropolitaine, on a pu suivre, très régulièrement, par exemple le pourcentage des gens qui prenaient un médicament antihypertenseur.

Quelles sont vos sources ?

C’est un sondage qui est fait avec des instituts de sondage. On a été avec la Sofres médical, maintenant ils s’appellent Cerner. Depuis 20 ans : je suis, la Fondation, le plus vieux client de Sofres médical qui a depuis été racheté. Mais j’aimerais vous dire un seul chiffre : on a pu montrer que, entre 2002 et 2010, le nombre des gens soignés contre l’hypertension artérielle augmentait dans la population, c’était normal : la population grandissait et depuis 2010, ce nombre diminue. Il y a eu une diminution et depuis 2 ou 4 ans, en 2020 et 2022, on est maintenant stabilisé. Mais on a perdu plusieurs millions de gens.

C’est dû à quoi ?

Alors il y a dix raisons à cela, il faudra que vous me réinvitiez, je vous les détaillerai ou que vous lisiez les articles.

Il y a peut-être une raison principale ?

Une raison principale c’est que la prévention maintenant n’est plus du tout à la mode : les patients ne veulent plus avoir un médicament, ils veulent des mesures non médicamenteuses. Ils pensent que s’ils font du sport – on leur dit à la télévision ! – ils vont pouvoir soigner leur hypertension. Alors c’est vrai que ça marche, un peu, mais les gens ne veulent plus de médicaments et les médecins suivent quand même ce que les patients veulent faire. Alors on n’a pas été aidé par les partenaires, l’industrie pharmaceutique n’a plus de nouveaux médicaments dans l’hypertension. Il y a un renouveau.

Oui, ça revient là ?

Il y a un renouveau mais on a vécu vraiment une période très basse. Mais ce n’est pas limité à la France. C’est exactement la même chose aux USA. Des études NAHNES, qui sont les mêmes types d’études que les enquêtes FLAHS, un suivi régulier, ont montré que depuis 2010 il y a une diminution. Mais aux États-Unis c’est très différent : ce sont les communautés fragiles sur le plan économique qui ont un accès aux soins qui est devenu impossible aux États-Unis, c’est très cher. C’est pas notre cas en France : c’est gratuit … mais non, les gens ne veulent pas les traitements. Et s’ils ne veulent pas de traitements, malheureusement ils feront les accidents vasculaires cérébraux. J’en suis triste parce que ce qui se passe aujourd’hui c’est qu’on prévoit ce qui va se faire dans 10 ans : on le sait, les gens vont faire les complications. Il faut qu’on continue à se battre pour les convaincre que les traitements ça les protège !

Vous êtes un vrai combattant !