Tension élevée* | SYStolique > 135 |
OU | DIAstolique > 85 |
Tension limite haute** | SYStolique : 130 à 135 |
OU | DIAstolique : 80 à 85 |
Tension satisfaisante** | SYStolique : 100 à 129 |
ET | DIAstolique : 60 à 79 |
Tension limite base** | SYStolique : 90 à 99 |
OU | DIAstolique : 50 à 59 |
Tension basse* | SYStolique < 90 |
OU | DIAstolique < 50 |
* Prendre un avis médical
** Ne pas modifier les antihypertenseurs sans avis médical
Je souhaite vous faire part des propos que je tiens en consultation lorsqu’un patient soigné pour une hypertension me signale qu’il trouve que « sa tension est basse ».
Pour le médecin « une tension basse » recouvre plusieurs situations :
Si la tension SYStolique affiche moins de 100 lorsqu’elle est mesurée au calme en position assise : il s’agit alors d’une hypotension de repos. Une diminution des antihypertenseurs doit être éventuellement décidée par le médecin.
Si la tension SYStolique est plus basse mesurée en position debout que lorsqu’elle est mesurée en position assise ou couchée et que la différence est de plus de 20 entre ces deux tensions : il s’agit alors d’une hypotension dite orthostatique qui veut dire tension basse lors du passage à la position debout. Cette situation est complexe à gérer et l’avis d’un spécialiste (gériatre, neurologue, cardiologue) est souvent nécessaire.
Si la tension SYStolique ne présente aucune de ces deux caractéristiques mais que la tension est plus basse à la maison que chez le médecin : il s’agit alors probablement d’un « effet blouse blanche », un phénomène qui concerne près de 30 % des patients ! J’informe mes patients que ce sont les chiffres du domicile qui doivent être pris en compte pour adapter les médicaments antihypertenseurs et de leurs dosages. Mais j’explique qu’il faut mesurer la tension au minimum le matin et le soir sur une journée et si possible pendant 3 jours de suite avant de décider d’une adaptation (prendre plus ou moins de comprimés) de son traitement anti-hypertenseur. En parler à son médecin est aussi très important car la durée des effets sur la tension de chaque médicament est variable et ces connaissances de pharmacologie ne sont pas facilement accessible aux non professionnels de santé.
Enfin, j’essaye de faire entendre à mes patients qu’avoir « une tension basse » est meilleur pour le système cardio-vasculaire que d’avoir « une tension haute ». Je prends comme exemple celui de la tension des centenaires qui est restée le plus souvent inférieure à 120 toute leur vie ! Ainsi, pour vivre sans complication cardio-vasculaire, avoir une tension basse est ce que souhaite un expert à ses patients hypertendus.
Vous êtes expert de l’hypertension artérielle chez le sujet âgé, quel conseil donnez-vous à vos patients vis-à-vis de la tension basse ?
Le traitement de l’HTA est important et bénéfique chez le sujet âgé et très âgé mais parfois on peut avoir un effet inverse : le traitement fait trop baisser la pression artérielle et entraine une hypotension.
L’hypotension est définie par une pression artérielle systolique inférieure à 100 mm de mercure si cette tension s’accompagne de symptômes : vertiges, grande fatigue, malaises. Si l’hypotension est présente au passage en position debout, il s’agit d’une hypotension orthostatique dont le risque est la chute car l’on sait que la présence d’une hypotension orthostatique augmente le risque de chutes par 1,7. La fréquence de l’hypotension orthostatique augmente avec l’âge, et dans certaines études, l’hypotension orthostatique concerne 20 % des sujets âgés de plus de 80 ans.
Chez le sujet âgé qui présente une hypotension la recherche des causes doit être très complète car le plus souvent il n’y a pas une seule cause mais un mélange de plusieurs causes :
Bien évidemment les médicaments antihypertenseurs sont souvent une cause et il faut alors faire effectuer des mesures de tension au domicile pour confirmer l’hypotension, puis diminuer et /ou modifier la répartition des médicaments à différents moment de la journée.
Il faut aussi rechercher la prise d’autres médicaments qui peuvent être prescrits par d’autres médecins. Par exemple, les médicaments psychotropes et les antidépresseurs peuvent provoquer parfois des hypotensions.
par temps de canicule, il faut évoquer l’hypotension liée à la déshydratation mais aussi au suivi d’un régime sans sel trop strict.
L’hypotension peut aussi être le signe d’une dénutrition particulièrement chez le sujet âgé et isolé ou souffrant d’un cancer ou d’une maladie d’Alzheimer.
Parfois, l’hypotension est le signe d’une atteinte neurologique, comme dans la maladie de Parkinson, le diabète ou l’insuffisance rénale.
En cas d’hypotension orthostatique chez un sujet âgé, il doit être proposé des « petits trucs » :
Pouvez-vous nous parler du « plan antichute » qui va être mis en place par le gouvernement à partir de 2022 ?
En France, 2 millions de sujets font des chutes chaque année. Ce problème de santé publique est en relation avec le vieillissement de la population, car les chutes concernent 20 à 30 % des sujets de plus de 65 ans et 50 % des plus de 85 ans. On dénombre que 100 000 hospitalisations par an ont comme motif « chute » et l’on estime qu’il en découle 10 000 décès par an (soit plus que les décès liés aux accidents de la route) !
L’objectif du plan gouvernemental est de réduire le nombre de chutes graves de 20 %.
Il va être réalisé un repérage des sujets à risque de chutes, en particulier chez les sujets ayant un profil de « fragilité » qui sera recherché s’il y a la présence d’au moins 3 anomalies dans la liste :
Pour ce plan de santé publique, 5 axes seront mis en place :
Au cours du suivi des patients traités pour une hypertension artérielle, des chutes graves sont parfois observées. Il est alors évoqué la possibilité qu’une tension basse soit à l’origine de la chute, en particulier si celle-ci survient chez un sujet âgé.
D’autres causes peuvent être à l’origine d’une chute grave chez l’hypertendu : les troubles de la vue ou de l’équilibre, la présence d’autres maladies chroniques (diabète, cancer, démence), ou la prise de certains médicaments qui favorisent l’hypotension orthostatique (anti-dépresseurs, neuroleptiques, certains anti-hypertenseurs). Enfin, il a été montré que les chutes graves étaient plus fréquentes chez les sujets ayant un état dit de « fragilité » (frailty en anglais).
Pour répondre à la question des causes des chutes graves chez les patients soignés pour une hypertension artérielle, une équipe médicale multidisciplinaire a analysé les données des participants australiens d’une étude entreprise pour savoir si de l’aspirine devait être prescrite pour prévenir les maladies chez des sujets âgés (étude ASPREE).
Pour cette analyse, il a été calculé la « variabilité de la Pression Artérielle » en comparant les chiffres de la tension mesurés par un tensiomètre automatique à 3 consultations médicales effectuées de façon consécutives sur une période de 2 ans. Il a aussi été comptabilisé l’éventuelle survenue d’une chute grave provoquant une fracture et imposant une hospitalisation pendant une période de suivi de 7 ans en moyenne.
Chez 16703 sujets, initialement âgés de 75 ans, avec 37 % identifiés comme « fragiles », et dont 55 % suivaient un traitement antihypertenseur, 1539 soit 0,9 % ont fait au moins une chute grave.
Dans cette étude, les « facteurs de risque » d’une chute grave ont été : un âge élevé, la « fragilité » du fait d’une maladie cardiovasculaire déclarée, le sexe féminin, et la prise de médicaments antihypertenseurs de la famille des diurétiques ou des bêta-bloquants.
Une pression variable entre les consultations n’a été un facteur associé au risque de chute grave que chez les patients « fragiles » mais aucune association n’a été retrouvée entre la valeur de la tension (haute ou basse) et le risque de chute grave.
En conclusion, les résultats de cette étude indiquent qu’un patient soigné avec des antihypertenseurs présente un risque faible de faire une chute grave et que d’autres raisons qu’une tension « haute, basse ou variable » doivent être recherchées chez l’hypertendu en cas de chute grave provoquant une fracture.
L’enquête PREDIC HTA a été réalisée en 2018 sur la population des travailleurs des Boulangeries artisanales de France métropolitaine. Un kit permettant de mesurer sa tension par autodépistage qui comportait un tensiomètre automatique avec brassard au bras connecté à une tablette numérique avec une application permettant d’apporter une aide pour réaliser un AutoTest de la tension sans l’aide d’un professionnel de santé, a été mis à la disposition, pendant l’année 2018, de 12 000 boulangeries artisanales réparties en France métropolitaine. 3 mesures de tension consécutives séparées de 1 minute d’intervalle, réalisées en position assise, en gardant le brassard sur le même bras, ont été effectuées de façon volontaire par les employés des boulangeries pendant leur présence sur leur lieu de travail.
Les données de 7 502 sujets avec la description de quelques paramètres concernant leur état de santé ont été télétransmises et analysées de façon anonyme.
L’hypotension a été définie comme la présence d’une tension SyStolique de 100 ou moins sur la 3e mesure de tension effectuée en position assise.
Les résultats montrent que, dans la population adulte, 7% des sujets ont une hypotension mais que chez ceux qui déclarent prendre des médicaments antihypertenseurs, la fréquence de l’hypotension ne concerne que 3% des sujets.
L’hypotension est la plus fréquente chez les sujets les plus jeunes ne prenant pas de médicaments antihypertenseurs et concerne 9,5% des sujets de moins de 35 ans.
Chez les sujets qui sont traités par antihypertenseurs, l’hypotension est plus fréquente chez les moins de 35 ans (à 7% de ce groupe) que chez les plus de 55 ans (à 4% de ce groupe).
Ainsi en France, les données qui concernent la fréquence de l’hypotension sont mal connues. Toutefois, les patients traités par antihypertenseurs devraient réaliser trois mesures consécutives de leur tension pour porter le diagnostic d’une hypotension lorsqu’un Autotest de la tension est effectué avec l’aide d’un tensiomètre automatique.
En savoir plus :
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